Des agents pakistanais et américains interrogeaient dimanche Yassir El Djaziri,un important responsable présumé d'Al-Qaïda, d'origine marocaine, arrêté la veille lors d'un raid mené à l'Est du pays. Yassir El Djaziri, arrêté samedi soir à Lahore, dans l'Est du Pakistan, est soupçonné d'être impliqué dans des opérations de communication, de logistique et de finances du réseau Ben Laden. La capture de ce Marocain s'est faite sur la base d'informations fournies par les renseignements américains et serait liée à celle, il y a deux semaines, de Khalid Cheikh Mohammed, présenté comme le numéro trois de la nébuleuse et organisateur présumé des attentats du 11 septembre 2001. El Djaziri aurait déjà déclaré aux agents pakistanais et américains qu'il avait parlé -lui aussi- à Ben Laden il y a un peu plus de cinq mois, depuis la ville afghane de Spin Boldak, près de la frontière pakistanaise, à l'aide d'un équipement de communication d'une portée de 300 km. Les enquêteurs continuaient d'ailleurs dimanche d'étudier les deux ordinateurs portables et plusieurs CD-Rom qu'ils ont saisis lors de l'opération. Le Marocain, qui a suivi une partie de ses études aux Etats-Unis, avait été interpellé en compagnie d'un Afghan nommé Gulzeb ou Jafffar, chez qui il séjournait. Un troisième homme, membre supposé des Taliban et de nationalité pakistanaise, a été capturé un peu plus tard lors d'un second raid dans le même secteur de Lahore. L'arrestation d'El Djaziri est en tout cas déjà présentée comme un nouveau coup dur porté au réseau terroriste par Islamabad même si l'on ignore encore quelle place il occupe dans la nébuleuse. Selon le ministre pakistanais de l'Information, Sheikh Rashid, son interrogatoire pourrait durer «deux ou trois jours», et être suivi de la remise du suspect aux autorités américaines, comme cela a été le cas pour Mohammed. Selon M. Rashid, El Djaziri figure même «parmi les sept principaux» responsables des attentats anti-américains perpétrés depuis le 11 septembre 2001. «C'est une grosse arrestation, mais pas aussi importante que celle de Cheikh Mohammed», a-t-il noté. Le nom du Marocain était apparu pour la première fois au Pakistan lors de l'arrestation, le 19 décembre dans la même ville de Lahore, du docteur Ahmed Javed Khawaja et de son frère Naveed. Ces deux hommes étaient accusés d'avoir abrité chez eux quatre militants d'Al-Qaïda : El Djaziri, décrit alors comme possédant la double nationalité marocaine et algérienne, les Egyptiens Assadullah et Saïd al-Misri et Abou Faraj. Le premier a été présenté par la justice pakistanaise comme le «responsable des affaires» du réseau, le duo Al-Misri comme la direction financière, et Faraj comme le responsable pour la région Maghreb et l'adjoint de Mohammed. Aucun de ses hommes ne figure pourtant sur la liste noire américaine des 22 «terroristes» les plus recherchés par le FBI. Mohammed lui-même -pourtant le second bras droit de Ben Laden- n'y est classé qu'en 18ème position ! Comment ces hommes sont-ils devenus des «gros poissons» et pourquoi ces récentes prises opérées au Pakistan? Ce pays, dont les sanctions économiques imposées depuis 1999 par les Etats-Unis ont été récemment levées, affirme avoir arrêté au moins 400 membres d'Al-Qaïda depuis septembre 2001. La plupart d'entre eux ont été placés entre les mains des Américains dans des endroits tenus secrets ou sur la base de Guantanamo.