Déjouer les attentats, renforcer la sécurité et identifier les auteurs des attaques, telles sont les priorités actuelles des pays les plus menacés par le terrorisme. Ce casse-tête sécuritaire évitera-t-il pour autant un nouveau drame ? La dernière attaque connue qui a pu être déjouée remonte à samedi lorsque, du côté du Pakistan, trois hommes ont été arrêtés alors qu'ils préparaient, selon la police locale, un attentat suicide contre deux diplomates américains. Lieu du crime : Karachi, ce grand port du sud du pays qui a déjà été le théâtre de plusieurs attentats, dont celui qui avait tué 11 ingénieurs français et trois Pakistanais le 8 mai 2002. Plusieurs coups de filets de membres d'Al-Qaïda y sont aussi intervenus ces derniers mois, permettant notamment l'arrestation en septembre du Yéménite Al-Shaiba, considéré comme l'un des coordinateurs des attentats du 11 septembre. Les trois hommes interpellés samedi ont quant à eux été trouvés en possession de dix kilos d'explosif qu'ils avaient placés dans une voiture. Cette dernière devait exploser au passage de deux diplomates américains, a précisé dimanche le responsable de la police de la province du Sind, Kamal Shah. Lors de perquisitions ultérieures, les policiers ont également découvert 250 sacs de 40 kilos chacun de nitrate d'aluminium, selon la police, dans un hangar de l'Est de Karachi. Présentés sous le nom de Asif Zaheer, Sohail Noor et Mohammad Yusuf, les trois suspects pakistanais ont été identifiés comme membres du groupe radical Harkat-e-Jihad, notamment soupçonné d'être derrière l'attentat à la bombe qui a visé le consulat américain le 14 juin dernier, toujours à Karachi. Douze Pakistanais avaient alors été tués. Ces trois hommes auraient suivi un entraînement en Afghanistan, selon M. Shan. Samedi, la police locale avait déjà précisé que Asif Zaheer était « impliqué dans l'attentat du Sheraton (du 8 mai) dont il devait être à l'origine le kamikaze ». Selon elle, c'est également lui qui a été chargé de « préparer » la voiture visant les diplomates américains. Cette triple interpellation de samedi est intervenue à la veille de l'arrivée, dimanche à Karachi, de la secrétaire d'Etat américaine adjointe pour l'Asie du Sud, Christina Rocca. Elle a aussi précédé d'un jour les déclarations du FBI américain, selon lequel près d'une centaine d'attentats ont été déjoués depuis ceux du 11 septembre aux Etats-Unis. « Nous serons en guerre tant que nous ne serons pas certains que tous les membres d'Al-Qaïda sont dans l'incapacité de faire du mal aux Etats-Unis », avait assuré dimanche le directeur des services de renseignements, Robert Mueller. Lequel avait cependant ajouté qu'il faudrait encore des années pour que la nébuleuse Ben Laden et ses tentacules soient mis hors d'état de nuire. Un facteur temps si défavorable que le Président George W. Bush a décidé d'autoriser sa propre agence, la CIA, à exécuter quelques 24 dangereux terroristes dont il a dressé la liste. Prérogative qui a notamment été appliquée le 3 novembre lorsque la CIA a envoyé un drone au-dessus du Yémen. Celui-ci avait tiré un missile sur une voiture tuant les membres présumés d'Al-Qaïda qui s'y trouvaient, dont Qaed Salim Sinan al-Harethi, considéré comme le principal agent régional du réseau. L'Europe et l'Asie continuent, elles aussi, dans une moindre mesure, de renforcer leurs dispositifs sécuritaires. La première discutait ce lundi de nouveaux accords qui pourraient renforcer ses moyens au sein de l'OTAN, largement impliquée dans la lutte contre le terrorisme. Sérieusement menacé à l'approche des fêtes de fin d'année, le vieux continent a aussi multiplié les arrestations ces dernières semaines. La seconde tentait dans le même temps de coordonner ses efforts policiers. Les dirigeants de Jakarta et Singapour ont en effet évoqué ensemble lundi les « moyens de démanteler les infrastructures terroristes » en Asie du Sud-Est, comme l'a indiqué le Premier ministre singapourien, Goh Chok Tong. Lequel a ajouté que les deux Etats avaient déjà « arrêté de nombreux membres présumés de réseaux terroristes » même si « il y en a encore beaucoup qui courent ». Imprévisibles, méconnus et dispersés, ces terroristes n'ont, en tout cas, pas fini de constituer un casse-tête pour les dirigeants des quatre coins du monde.