Les attentats de Casablanca ont propulsé au premier plan la question de la sécurité au Maroc. Deux questions sont sur toutes les lèvres : était-il possible d'éviter les massacres du vendredi 16 mai ? Comment une bande de kamikazes a-t-elle pu déjouer la vigilance de tout le monde en réussissant à mener cinq attaques presque simultanées au cœur de la capitale économique ? Les attentats de Casablanca ont propulsé au premier plan la question de la sécurité au Maroc. Deux questions sont sur toutes les lèvres : était-il possible d'éviter les massacres du vendredi 16 mai ? Comment une bande de kamikazes a-t-elle pu déjouer la vigilance de tout le monde en réussissant à mener cinq attaques presque simultanées au cœur de la capitale économique ? Certes, les terroristes ont profité des festivités de la naissance du Prince héritier Moulay El Hassan et du 47ème anniversaire de la sûreté nationale pour frapper. Une ambiance de fête nationale qui s'est accompagnée naturellement d'un petit relâchement de la sécurité. Circonstances atténuantes pour les forces de sécurité prises de court par ces actes barbares. Peut-on dire de même des services de renseignement censés être au courant à l'avance des manigances des terroristes et de leurs commanditaires de telle sorte à pouvoir déjouer à temps leurs plans? Où étaient les Chioukhs, les Mokadems et les Qaïd de Sidi Moumen (fief de la plupart des kamikazes) lorsque les terroristes planifiaient des attaques contre Casablanca ? Les agents du ministère de l'Intérieur, à leur tête le gouverneur de la préfecture de Aïn Sebaâ, ont-ils signalé dans le BRQ (Bulletin de renseignement quotidien) adressé au ministère de l'Intérieur le comportement suspect des kamikazes avant qu'ils commenttent l'irréparable? Ce serait extrêmement grave s'il s'avérait que les responsables du renseignement de proximité à l'échelon local n'étaient pas au courant des faits et gestes des assassins de Sidi Moumen et de leur entreprise de fabrication de bombes. L'affaire serait encore plus grave si ces données avaient été transmises et qu'elles n'aient pas fait l'objet d'un traitement rigoureux et professionnel qui aurait permis de prévenir la tragédie du 16 mai. Une chose est sûre : le processus traditionnel de sécurisation du territoire national par le renseignement de proximité a “dysfonctionné“ quelque part. Il faut désormais détecter la faille ou les failles de telle sorte à repenser dans sa globalité le secteur stratégique du renseignement avec la mise en place d'un conseil national de sécurité qui centralise l'ensemble des renseignements collectés sur le territoire national. Il est vrai que la politique d'ouverture et de démocratisation adoptée par le pays au cours de ces dernières années s'est accompagnée paradoxalement d'un recul de la fonction sécuritaire là où il fallait normalement redoubler de vigilance. Peut-être que la volonté farouche des pouvoirs publics de tourner la page des “années de plomb“ et le recentrage de toutes les énergies nationales sur les seules questions économiques pour rattraper le retard du pays en matière de développement a contribué à casser la machine à renseigner. Toujours est-il que les nihlistes locaux de tout acabit ont profité de la nouvelle donne dans le Royaume pour se livrer à des actes de destabilisation de l'État. Il est urgent désormais après ce qui s'est passé à Casablanca de mettre en place une nouvelle stratégie de reconquête sur tous les plans des territoires laissés à l'abandon. Il y va de la sécurité de tout le monde.