S.M. Mohammed VI a donné ses instructions pour la création de deux nouvelles institutions dans le cadre de la lutte contre les réseaux de trafic des êtres humains. Une Direction et un Observatoire de la migration qui sont en phase de finalisation. Malgré les multiples chantiers sociaux et économiques lancés par le Maroc et les contraintes d'ordre budgétaire qui en découlent, le Souverain a tenu à ce que la question de la migration et de la surveillance des frontières soit inscrite parmi les priorités dans l'action du gouvernement. Ce fut lors d'une réunion présidée par S.M. Mohammed VI, la semaine dernière à Rabat. C'est la première fois que le Souverain s'implique personnellement dans cette question dont les ramifications peuvent atteindre plusieurs domaines, comme la politique, l'économie et les relations internationales. C'est dans le souci de lutter avec fermeté et sans répit contre les réseaux de trafic des êtres humains que le Souverain a donné ses Hautes instructions pour la création de deux institutions de haut niveau rattachées au ministère de l'Intérieur. Il s'agit d'une part de la Direction de la migration et de la surveillance des frontières et d'autre part de l'Observatoire de la Migration. Pour ce qui est de la Direction de la migration et de la surveillance des frontières, notons que sa mission principale sera la mise en œuvre opérationnelle de la stratégie nationale en matière de lutte contre les réseaux de trafic des êtres humains et la surveillance des frontières. L'action de cette Direction sera assurée à la fois par une Brigade nationale de recherche et d'investigation chargée de la lutte contre la migration illégale et qui aura notamment pour compétence l'instruction des dossiers ayant trait au trafic des êtres humains sur tout le territoire national. D'autres intervenants dans le cadre de cette Direction. C'est le cas de sept délégations provinciales et préfectorales dont la mission sera la mise en œuvre au niveau régional de la stratégie nationale en matière de lutte contre la migration illégale. Ces délégations sont celles directement concernées par l'immigration clandestine: Tanger, Tétouan, Al Hoceïma, Nador, Larache, Oujda et Laâyoune. Par ailleurs, des comités locaux dans les autres provinces et préfectures seront chargés de la collecte et de la transmission de données intéressantes à la Direction de la migration. Deuxième institution: l'Observatoire de la migration. Sa mission principale portera sur l'élaboration de la stratégie nationale dans le domaine de la migration. A cet effet, cet Observatoire se chargera notamment de centraliser toutes les informations liées à la migration, essentiellement les données statistiques. Cet Observatoire devra par la suite mettre à jour une base de données des statistiques au niveau national. En outre, l'Observatoire sera appelé à proposer aux pouvoirs publics des mesures concrètes et réaliser des études et mener des projets de recherche portant sur les tendances des flux migratoires. Des rapports périodiques sur la migration seront diffusés par l'Observatoire. L'Observatoire de la migration sera composé de représentants de tous les départements concernés par la question migratoire. Il s'agit du ministère de l'Intérieur, des Affaires étrangères, des Finances, de la Justice, de l'Emploi, des Forces Armées Royales, de la Marine Royale, de la Gendarmerie Royale, de l'Administration des Douanes, de la Direction générale de la sûreté nationale et des Forces Auxiliaires. Les moyens humains et matériels appropriés seront mis à la disposition des unités opérationnelles pour leur permettre d'accomplir leurs missions d'investigation, de surveillance, de détection, de coordination et d'intervention, dans les meilleures conditions. Cette initiative royale admet en fait plusieurs lectures. Et pour cause, elle porte sur le problème de la migration, qui ne se résume pas seulement au simple aspect de l'immigration clandestine. Ce sujet est maintenant hissé au rang de chantier de réflexion avant tout. A cette occasion, S.M. le Roi a rappelé que le trafic des êtres humains constitue une atteinte fondamentale à la dignité humaine et aux droits de l'Homme les plus élémentaires des personnes, dont la détresse et l'aspiration à une vie meilleure sont exploitées sans scrupule par des réseaux criminels. C'est ainsi que le vif du sujet a été touché. C'est un message clair du Souverain qui signifie que les Subsahariens qui traversent des centaines de kilomètres pour atteindre l'Europe et les Marocains qui risquent leur vie dans le Détroit de Gibraltar à bord de "pateras" de fortune sont moins condamnables que les passeurs eux-mêmes. Ces derniers doivent être considérés comme des criminels qui profitent de la misère sociale et le désespoir des populations des pays déshérités.