La visite qu'effectue mardi 18 novembre El Mostafa Sahel à Madrid est très attendue par les responsables espagnols. Et pour cause… Au menu des entretiens entre le ministre de l'Intérieur marocain et son homologue Angel Acebes figure notamment l'épineux dossier de l'immigration clandestine qui empoisonne les relations entre les deux pays. La visite qu'effectue mardi 18 novembre El Mostafa Sahel à Madrid est très attendue par les responsables espagnols. Et pour cause… Au menu des entretiens entre le ministre de l'Intérieur marocain et son homologue Angel Acebes figure notamment l'épineux dossier de l'immigration clandestine qui empoisonne les relations entre les deux pays. À ce sujet, M. Sahel devrait ratifier un accord en vertu duquel le Royaume accepte d'accueillir sur son sol les clandestins subsahariens interceptés par les autorités espagnoles et qui se seraient introduits illégalement en territoire espagnol à partir des frontières marocaines… En clair, Rabat se charge à la place de Madrid des procédures de refoulement vers leurs pays d'origine des immigrés irréguliers qui auront été reconnus avoir transité par le Maroc. Une véritable épreuve pour ne pas dire une mission impossible. Une question se pose d'elle-même : le Maroc est -il obligé de signer un accord de ce type dont il n'a, à première vue, ni les moyens adéquats ni la logistique nécessaire ? Le rapatriement des contingents importants et réguliers de refoulés suppose que le Maroc dispose en nombre suffisant de structures d'accueil adaptées . Ce qui est loin d'être le cas. Autre gageure et non des moindres, comment déterminer que tel migrant est bel et bien entré par effraction en Espagne par un poste-frontière marocain sachant que les intéressés dans leur majorité refusent de déclarer leur vrai pays d'origine où sévissent la guerre et la misère ? Chaque sujet charrie un drame humain poignant et, n'ayant rien à perdre, recourt à toutes les ruses pour ne pas être renvoyé chez lui. L'affaire n'est pas de tout repos. C'est pour cela que les Espagnols veulent absolument “sous-traiter“ ce casse-tête politique et humanitaire aux Marocains. Et puis, comment organiser, une fois arrivés en terre marocaine, l'opération d'expulsion vers leurs pays d'origine de ceux dont l'Espagne ne veut pas ? Déjà, le Maroc a le plus grand mal du monde à faire face à ce qui ressemble à une invasion permanente des candidats au départ venus des régions subsahariennes avec tout ce que ce phénomène génère comme risques au plan sécuritaire et sanitaire. Le voilà qui va devoir prendre en charge, sans aucune compensation financière de surcroît, les clandestins africains de son voisin du nord où quelque 8 mille personnes sont interceptées chaque année. Un grand désastre. Les responsables marocains sont-ils conscients du bourbier où le pays va s'enliser à cause d'un contrat léonin ? En fait, l'Espagne a fait de la ratification de l'accord en question un préalable à la normalisation de ses relations avec le Maroc. Madrid est allé même jusqu'à conditionner la visite que devrait effectuer au Maroc José Maria Aznar par un engagement écrit de ses autorités d'accepter de rapatrier sur son sol les immigrés subsahariens. Visite qui devait avoir lieu en octobre dernier mais que le président du gouvernement espagnol a reporté en attendant que Rabat approuve sans moufter les conditions de Madrid. Si ce n'est pas du chantage, cela lui ressemble beaucoup. Une telle attitude s'éloigne de manière flagrante de l'esprit de partenariat constructif et du respect mutuel qui est censé caractériser les rapports entre les deux pays. Aussi un minimum de lucidité veut-il que le Maroc oppose une autre réponse au diktat de Aznar.