Mardi, les ultimes négociations entre les deux dirigeants de l'île sur le plan onusien de réunification de Chypre ont échoué. La partie chypriote-turque, n'étant « pas prête », seule la partie grecque intégrera l'UE. Après plus de quatre mois d'efforts pour convaincre les deux parties de l'île sur son plan de paix, Kofi Annan a dû s'avouer vaincu mardi. Le secrétaire général de l'ONU s'était pourtant particulièrement investi dans le dossier, se rendant à plusieurs reprises auprès des deux dirigeants chypriotes. Lors de sa dernière visite fin février, il avait même accepté de repousser l'ultimatum, initialement prévu pour le 28 février, au 11 mars, affin de parvenir à un accord. Depuis lundi, il menait d'âpres discussions, à la Haye, avec le nouveau président chypriote-grec, Tassos Papadopoulos, et le dirigeant chypriote-turc Rauf Denktash. Ces derniers devaient donner leur réponse définitive que la tenue ou non d'un référendum, fixé au 30 mars dans l'île, sur le plan de réunification basé sur le modèle de la Confédération helvétique. M. Denktash a finalement lâché mardi matin qu'il « n'était pas prêt à donner son accord pour soumettre le plan à référendum ». « Ce plan est inacceptable pour nous », a déclaré le dirigeant de la partie Nord de l'île, seulement reconnu par son allié turc, dénonçant l'expropriation programmée « de plus d'une centaine de milliers de Chypriotes turcs ». Côté Sud, on attribuait l'échec à l'attitude intransigeante chypriote-turc. « Je ne crois pas qu'une telle occasion (de faire la paix) se reproduira de sitôt », a pour sa part déploré M. Annan, dans un communiqué lu par son représentant spécial pour Chypre, Alvaro de Soto. Selon le secrétaire général de l'ONU, M. Papadopoulos avait pourtant accepté la tenue du référendum, mais les conditions qu'il a posées ont été refusées par M. Denktash. « L'impasse enregistrée à la Haye pour le règlement du problème politique de Chypre en raison de l'intransigeance continuelle de M. Denktash provoque la déception et la tristesse » a également déploré mardi le ministère grec des Affaires étrangères, réaffirmant son soutien aux efforts de M. Annan. Un accord est-il encore possible ? Le Premier ministre turc Abdullah Gül a estimé mardi que le processus n'était « pas complètement condamné », précisant que la Turquie recherchait encore activement une solution. « Le secrétaire général a déclaré qu'il n'y avait pas d'accord mais il n'a pas complètement fermé la porte », a souligné M. Gül qui doit prochainement céder la place à Recep Tayyip Erdogan. Le chef du Parti de la Justice et du Développement avait déjà fait savoir qu'il souhaitait lui aussi trouver une solution au conflit chypriote. Reste que les Nations unies pourraient bien y renoncer, estimant que toutes les sorties ont été épuisées. Kofi Annan avait fait d'ailleurs lundi une dernière concession en proposant aux deux camps d'étendre une nouvelle fois la période de négociations jusqu'au 28 mars, et donc de repousser le référendum au 6 avril. En vain. « Malheureusement, ces efforts (de paix) n'ont pas été couronnés de succès. Nous sommes arrivés au bout du chemin » a reconnu l'intéressé qui comptait sur l'entrée imminente de l'île dans l'UE pour presser les dirigeants. Seule la partie de grecque de l'île, la République de Chypre, signera donc le traité d'adhésion à l'Union européenne, prévue en 2004, le 16 avril. Un échec qui pourrait par ailleurs compliquer la candidature d'un autre pays de la région, la Turquie, déjà recalée en septembre dernier.