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Les dilemmes d'une conjoncture critique
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 07 - 03 - 2003

Mohamed M'rini, avocat et membre du Comité central de l'USFP décortique des aspects de la conjoncture politique, à la lumière du débat sur la configuration de la nouvelle instance gouvernementale.
ALM : Quel regard portez-vous sur le débat en cours concernant le paysage politique marocain ?
Mohamed M'rini : Il était attendu qu'après le 27 septembre, le Maroc puisse réaliser un pas en avant, dans le sens de la consolidation du processus démocratique, notamment par rapport à l'accord conclu entre feu Hassan II et Abdferrahman Youssoufi, premier secrétaire de l'USFP et dirigeant principal de la Koutla démocratique. Mais la nomination de Driss Jettou a constitué un véritable choc, non seulement pour l'élite politique, mais également pour l'ensemble du peuple marocain, qui aspirait à la nomination d'un dirigeant politique à la tête de la primature, à la réduction du nombre des ministres de souveraineté et à l'accélération du processus de réforme, avec tout ce que cela implique en termes de destruction des fiefs de la dépravation. Mais, les choses ont pris un autre tournant depuis l'avènement de M. Jettou.
Mais expliquez-vous la participation de votre parti à ce gouvernement ?
La participation de l'USFP au gouvernement de Driss Jettou est, d'une part, une expression de poursuivre le programme des réformes amorcées auparavant, et d'autre part, un moment de réflexion pour s'assurer de l'existence d'une volonté d'approfondir les réformes ou d'une régression.
Dans quel cadre pourrait-on, donc, inscrire, l'intervention de M. Youssoufi, à Bruxelles ?
Cet exposé s'inscrit dans la perspective du débat en cours, notamment en ce qui concerne le sort de la transition démocratique. Plusieurs points peuvent être soulevés, à cet effet, notamment :est-ce que la nomination de M. Jettou est due à la faiblesse des partis politiques et la gravité de la concurrence entre eux autour de la primature, ou s'agit-il d'une volonté de main mise sur le paysage politique et d'un retour à la période qui a prévalu avant 1998 ?
Cette question doit être lue à la lumière d'une déclaration faite par M. Azoulay, à la veille des élections du 27 septembre 2002 et à laquelle le journal Al Ittihad Al Ichtiraki a répondu dans un article intitulé «le devoir de réserve du conseiller du roi».
Elle doit être lue, également, au vu des nominations des nouveaux walis et des directeurs des établissements publics et qui ont été couronnées par la désignation de M. Jettou, en tant que représentant de cette école, à la tête du gouvernement.
Et qu'en est-il de la polémique récente entre les partis de la Koutla et de la majorité ?
La position exprimée, dernièrement, par Mohamed Elyazghi (Premier secrétaire adjoint de l'USFP -NDLR) dans votre journal, exprime la volonté de contourner la crise et la prédisposition à continuer la lutte au sein d'une Koutla élargie. A mon tour, je ne puis que reformuler cette question en appelant, aujourd'hui, c'est-à-dire en 2003, l'ensemble des partenaires politiques à se positionner par rapport à cette proposition de l'USFP et au contenu de la nouvelle approche développée par M. Youssoufi. En d'autres termes, Y a-t-il encore une possibilité de servir l'intérêt du pays avant celui des partisans et de s'unir autour d'un même programme de réformes?
Car, tout retour en arrière ne pourra qu'être caricatural et se faire au détriment des intérêts réels de l'Etat.
Que voulez-vous dire par là ?
Je crois qu'il y a un parti clandestin des technocrates qui veut gouverner, mais sans payer les frais de cette position en termes de responsabilités. Car, celui qui aspire à gérer la chose publique se doit de rendre compte à l'opinion publique et aux citoyens, comme il se doit d'exprimer ses options et de présenter son programme au peuple . Non de glisser aux sphères de la politique en empruntant des voies qui échappent au contrôle démocratique.


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