Il y a quelques semaines, le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, avait plaidé pour un Islam de France débarrassé des influences étrangères. C'est pour bientôt. Le plaidoyer de M.Sarkozy a eu lieu lors d'une réunion de soutien à un député de la majorité en campagne électorale à Paris. Entre 500 et 600 personnes assistaient à cette réunion parmi lesquelles de nombreuses personnes issues de l'immigration. « J'ai engagé avec nos compatriotes musulmans un dialogue auquel je crois beaucoup. L'Islam de France, pas l'Islam en France. La communauté musulmane de France se trouve dans une situation qui n'est pas bonne et qui n'est juste ni pour elle ni pour la communauté nationale », a affirmé le ministre de l'Intérieur, M.Sarkozy a expliqué que les musulmans français ont peur, « parce qu'ils se sentent trop souvent, et c'est inadmissible, victimes de l'amalgame et du racisme le plus odieux. Dans la patrie des droits de l'homme, personne ne peut l'accepter, ni pour les musulmans ni pour les juifs ni pour qui que ce soit ». Le ministre français de l'Intérieur a ainsi annoncé la conclusion de la consultation sur l'Islam, engagée il y a près de trois ans par son prédécesseur, Jean-pierre Chevènement. « La signature d'un document qui permettra l'organisation du culte musulman se fera conformément aux règles de la république » a ajouté le ministre français. Ainsi, après plus de trois ans de discussions, 50 réunions souvent houleuses, des menaces de rupture, la communauté musulmane de France est parvenue finalement la semaine dernière à un accord sur les élections, les 6 et 13 avril, d'un Conseil français du culte musulman (CFCM), représentant l'islam de France. La Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF), l'Institut Musulman de la Mosquée de Paris (GMP) et l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) se sont déclarés pour la création du CFCM. En fait, la consultation était fragilisée depuis plusieurs semaines par une rébellion contre le poids grandissant de l'UOIF, proche des fondamentalistes. Pomme de discorde pendant des mois, l'UOIF a estimé que « le bon sens l'avait emporté » et rappelé « être pour le respect des principes de la laïcité et des lois de la République », a dit son président Lhaj Thami Breze. Il faut dire que la présence persuasive du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a été pour beaucoup pour parvenir à cet accord. M.Sarkozy s'est voulu discret, mais son pragmatisme et sa force de conviction n'ont pas passé inaperçus. Il a convenu que « cela n'avait pas été facile, mais que tout le monde y avait mis du sien ». «J'ai peur qu'il y ait encore des hauts et des bas, mais les musulmans ont gagné le droit de vivre leur religion de façon transparente et publique », a-t-il dit. Le Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin est venu les féliciter à l'issue de la réunion, saluant « la perspective d'une véritable représentation du culte musulman en France dans quelques semaines ». Et comme l'a affirmé le recteur de la mosquée de Lyon Kamel Kabtane, « Aujourd'hui, la communauté musulmane en France peut être fière que ses membres aient réussi à s'entendre. L'Islam va pouvoir sortir des caves ».