Le président ivoirien et son Premier ministre ont présenté mardi aux partis politiques qu'ils ont reçus un projet de gouvernement. Représenté, le MPCI a cependant perdu les postes de la Défense et de l'Intérieur. Comment vont réagir les rebelles au projet de gouvernement proposé mardi par Laurent Gbagbo ? Le MPCI n'a visiblement pas été exclu de cet Exécutif tant attendu et censé être de « réconciliation nationale », mais on ignorait encore mercredi à quel niveau ils seraient représentés. Le chef d'Etat ivoirien avait, de toute façon, prévenu que seul lui pouvait décider de la composition du nouveau gouvernement, même si un Premier ministre dit «de consensus» a été nommé pour sortir le pays de cette crise qui dure depuis cinq mois. Mardi, c'est donc en présence de Seydou Diarra que le dirigeant s'est entretenu avec les principaux partis du pays, ceux-là même qui avaient participé à la table ronde de Marcoussis, en France, fin janvier dernier. Les rebelles du MPCI n'étaient par contre pas présents. Et pour cause, Alphonse Djédjé Mady, secrétaire général du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, a révélé mercredi que les deux ministères réclamés par les auteurs du soulèvement du 19 septembre ne leur reviendraient pas. Selon le responsable de l'ancien parti unique ivoirien, ces postes-clés de la Défense et de l'Intérieur vont être attribués à des «personnalités neutres», autrement dit n'appartenant à aucun parti politique. Même si les noms des prochains ministres ne sont encore pas connus, les chances de création - et de pérennité - de cet Exécutif dépendent désormais de la réponse du MPCI. Celui-ci avait encore rappelé lundi que le président Gbagbo lui avait promis ces deux portefeuilles le 25 janvier dernier à Paris, juste après avoir signé l'accord de Marcoussis. Reste que le plan de paix n'évoque en rien cette donnée, stipulant seulement que «l'attribution des ministères sera faite de manière équilibrée entre les partis». Exigence qui semble avoir été – enfin – respectée par le président ivoirien mardi, puisque son projet prévoit que « tout le monde participe », comme souligné par M. Djédjé Mady. La rébellion, exclue de ces rencontres, était-elle néanmoins au courant de cette initiative ? Celle-ci a-t-elle été présentée avec son accord, ou du moins avec la garantie qu'elle n'allait pas déclencher une nouvelle guerre ? Lorsque le secrétaire général du MPCI, Guillaume Soro, avait rencontré Seydou Diarra en marge du Sommet franco-africain de Paris, les 20 et 21 février, d'insistantes rumeurs avaient circulé. Le président sénégalais avait même annoncé que les rebelles renonçaient à ces deux postes tout en restant partie prenante du gouvernement. Cette idée, démentie par le MPCI, avait satisfait tout le monde, hormis le responsable militaire des rebelles , Michel Gueu, qui avait menacé de reprendre les armes. «Nous ne raisonnons pas en termes de postes d'Intérieur et de Défense (…), ce qui nous importe, c'est que Marcoussis soit appliqué», avait souligné lundi M. Soro. Ses propos souvent contradictoires semblent d'ailleurs vouloir apaiser les plus radicaux de son mouvement, tout en rassurant la communauté internationale. Celle-ci, particulièrement la France, n'a pas cessé de réclamer l'application du plan de paix initié par Paris, qu'elle présente comme la seule issue à la crise. Deux délégations, l'une européenne et l'autre onusienne, sont d'ailleurs, depuis mardi, dans le pays, pour s'assurer du bon déroulement du processus de réconciliation. Reste l'autre camp, celui des « durs » du MPCI et des autres groupes rebelles de l'Ouest qui n'entreront pas dans l'Exécutif…