Le président français aurait-il, lui aussi, «perdu une occasion de se taire» lorsqu'il a fustigé les pays candidats à l'UE ralliés à la position américaine ? La France a persisté mercredi, n'en déplaise à certains. Les critiques de Jacques Chirac à l'encontre de plusieurs pays de l'Europe de l'Est non-membres des Quinze n'en finissent plus d'agiter le vieux continent. Elles révèlent d'ailleurs tout autant les divisions de l'UE sur la crise irakienne que sur la question de son propre élargissement. Lundi soir, le président français avait ainsi rappelé à l'ordre les Etats de l'ex-bloc soviétique qui «frappent à la porte» d'une «famille» dont ils ne sont pas encore tous assurés de faire partie. La Pologne, la Hongrie et la République tchèque, en se ralliant à la lettre de soutien à Washington -initiée fin janvier par Londres, Madrid et Rome-, auraient alors «perdu une bonne occasion de se taire». La Bulgarie et la Roumanie, elles, ont manqué l'opportunité de convaincre les Quinze sur leur candidature respective prévue pour 2007… Ces propos tenus par M. Chirac ont pour le moins déplu. Et pourtant ! Après la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, mardi, c'était au tour de Pierre-André Wiltzer de revenir à la charge mercredi! Le ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie a, lui aussi, réclamé un minimum de «concertation» de la part de ces pays candidats. «Il y a une petite polémique qui s'est créée», a-t-il déclaré sur i-Télévision, tout en minimisant la portée de la «sortie» de Jacques Chirac. Et le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, d'ajouter que quand «on rentre dans la famille, ce n'est pas pour aller voir une autre famille». Reste que, si sur le fonds l'indignation française est argumentée, la méthode n'a pas été, lundi soir, au rendez-vous. Le président polonais Aleksander Kwasniewski – signataire de la lettre et dont l'entrée dans l'UE est programmée pour 2004 - a notamment qualifié l'intervention de M. Chirac de « pas très bien élevée », voire «dangereuse». Pour le Premier ministre roumain, Adrian Nastase, ironisant sur le fait que «chaque fois qu'il se dispute avec (sa) femme, (il) engueule (ses) deux fils», ce sont les Etats-Unis que Jacques Chirac aurait en réalité visés…