Il s'agit d'une réforme qui a suscité un grand débat lors de sa mise en œuvre. La flexibilité du dirham revient sur le devant de la scène médiatique mais cette fois-ci pour dresser le bilan des 15 premiers mois d'implémentation. Un exercice qui a été initié par la Chambre de commerce britannique pour le Maroc dans le cadre de ces rencontres-débats. Un panel d'experts a été invité à échanger autour de cette thématique à leur tête Hassan Boulaknadel, directeur général de l'Office des changes, ainsi que des représentants des institutions financières, notamment Bank Al-Maghrib. Le débat a porté sur l'historique de cette réforme ainsi que son impact sur le marché financier. L'introduction d'un nouveau régime de changes est le fruit de longs mois, voire des années de réflexion. L'idée étant d'aboutir à terme à un régime de change flottant où le taux de change sera fixé par le marché en fonction de l'offre et de la demande en devises ainsi que les anticipations des opérateurs opérant dans des secteurs économiques fondamentaux. Pour ce faire, plusieurs étapes ont été fixées pour le déploiement de cette réforme qui se veut à la fois graduelle et adaptée. Ce n'est qu'à la mi-janvier 2018 que cette décision est entrée en vigueur. Un premier bilan positif Le tableau brossé par le représentant de la banque centrale fait état d'une implémentation réussie. C'est du moins ce que démontre la première phase de cette réforme dont les objectifs ont été pleinement atteints. Un succès à la faveur du contexte favorable qui a marqué le démarrage de ce processus. C'est ce qu'indique Mounir Razki, directeur des opérations monétaires et des changes à Bank Al-Maghrib. Les 15 derniers mois ont été en effet marqués par un niveau de réserve de change adéquat, des équilibres macroéconomiques rétablis et un système bancaire résilient. Ils ont connu par ailleurs l'introduction d'une panoplie de mesures dont l'instauration d'un nouveau mécanisme de formation des prix par le marché dans la limite de la bande de fluctuation et la refonte du cadre des interventions sur le marché de change visant à les réduire progressivement. «Cette première phase visait à permettre aux opérateurs d'intégrer la notion de flexibilité du taux de change et à assimiler le nouveau cadre opérationnel mis en place sur le marché de change. Les craintes des opérateurs et du public quant à une dépréciation excessive du dirham se sont dissipées, puisque les cours de change de la monnaie nationale évoluent à l'intérieur de la bande de fluctuation fixée sans intervention de la banque centrale», explique M. Razki. Et de préciser que «cette première phase a également permis d'avoir une position de change confortable des banques qui n'ont pas eu recours à Bank Al-Maghrib depuis le 20 mars 2018, ainsi qu'une perception positive par les investisseurs étrangers comme en témoigne la hausse des investissements directs étrangers (IDE)». Et d'ajouter qu'il s'agit aussi de la mise en place d'une plateforme électronique de négociation de devises permettant la redynamisation du marché interbancaire et l'amélioration de sa qualité, outre l'adaptation du cadre réglementaire à travers le regroupement et la simplification des textes réglementaires. Le nouveau cadre opérationnel mis en place a également contribué à améliorer la liquidité du marché interbancaire. Le volume quotidien moyen a affiché une hausse passant de 204 millions de dirhams en 2017 à 323 millions de dirhams en 2018. Il a par ailleurs dépassé les 500 millions de dirhams depuis le début de l'année en cours. Des changements transverses opérés L'entrée en vigueur du nouveau régime de change a engendré des changements transverses, notamment en ce qui concerne les échanges commerciaux. C'est dans ce fait que de nouvelles instructions générales ont été dictées par l'Office des changes permettant ainsi aux opérateurs marocains de bénéficier davantage de cette flexibilité particulièrement en ce qui concerne les opérations à l'international. Trois axes sont définis à ce niveau. Citons en l'occurrence la promotion des exportations, la facilitation des échanges ainsi que la satisfaction des besoins des usagers. Intervenant dans ce sens, Hassan Boulaknadel, directeur général de l'Office des changes, a énuméré leurs multiples apports. M. Boulaknadel a évoqué, à cet effet, la possibilité d'ouverture des comptes à l'étranger pour les exportateurs de services titulaires de marchés à l'étranger dans le cadre des appels d'offres, le relèvement du délai de rapatriement du produit des exportations de services de 60 à 90 jours ainsi que la possibilité pour les banques de financer les cycles d'exploitation des entités à caractère industriel installées dans les zones franches d'exportation au Maroc. A cela s'ajoutent également l'harmonisation des plafonds des règlements anticipation des importations de biens à 200.000 dirhams et la suppression de l'obligation de régler une opération d'importation de biens exclusivement au profit du fournisseur non-résident.