Proche-Orient. Palestiniens et Israéliens négocient à Londres un cessez-le-feu. Arafat donne son accord pour la nomination d'un Premier ministre. Les Etats-Unis réaffirment leur engagement à œuvrer pour la création d'un Etat palestinien. Israël qui maintient le bouclage des territoires palestiniens, a pour la première fois autorisé des représentants de l'Autorité palestinienne à se rendre à Londres pour exposer aux Anglais la décision du Président Yasser Arafat de nommer un Premier ministre. Selon le principal négociateur, Saëb Arekat, la délégation qu'il dirige à partir de ce lundi va discuter à la fois des réformes que compte introduire l'Autorité palestinienne et de « la Feuille de Route » du Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU). Israël enverra de son côté une délégation pour participer à une série de réunions sur les réformes économiques, a indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Elle sera conduite par Yossi Gal, vice-directeur au ministère des Finances. Le Quartette a mis au point une «Feuille de Route» qui prévoit essentiellement un règlement de paix en trois phases qui devrait aboutir à la création d'un Etat palestinien souverain à l'horizon 2005. La Norvège qui préside un comité de coordination économique au profit de la Palestine, a convoqué une conférence des donateurs à se réunir demain et après-demain à Londres. Sur le terrain, un char israélien « Merkaba-3 » a sauté sur une charge de très forte puissance dans la Bande de Ghazza lors d'une incursion près d'une colonie juive tuant quatre soldats. Le char a pris feu, ses obus ont explosé et il a été totalement carbonisé avec son équipage à bord, selon un porte-parole militaire israélien. C'est la quatrième fois en seulement un an que des militants palestiniens réussissent à détruire un char israélien, faisant à chaque fois sauter des charges explosives. Comme d'habitude, l'armée israélienne a recouru aux représailles collectives et fait démolir aux bulldozers plusieurs maisons palestiniennes et détruit des cultures. Quatre Palestiniens parmi lesquels un enfant de 12 ans, ont été blessés à Rafah au Sud de la Bande de Ghazza où les soldats israéliens essaient de protéger quelque 7.000 colons enclavés au milieu de 1,2 million de Palestiniens spoliés de leurs terres par ces colons juifs. Au plan diplomatique, l'Administration américaine estime, par ailleurs, dans un document récent qu'une solution du conflit israélo-palestinien aiderait grandement à la lutte contre le terrorisme en améliorant l'image des Etats-Unis dans le monde arabe: «trouver une solution au conflit israélo-palestinien est un élément essentiel pour gagner la guerre des idées. Aucune autre question n'a autant rejailli sur la perception des Etats-Unis dans le monde musulman », assure ce document. Il réaffirme la volonté de l'Administration américaine d'aboutir à la création d'un «Etat palestinien démocratique et indépendant, vivant en paix et sécurité avec Israël». Nuançant toutefois cette approche et versant dans la vision que veut imposer Ariel Sharon, le document ajoute que « les Etats-Unis peuvent jouer un rôle crucial mais, en dernier ressort, une paix durable ne pourra être instaurée que si les Israéliens et les Palestiniens trouvent entre eux une issue au conflit ». De source politique israélienne, on affirme que les négociations à un très haut niveau avec l'Autorité palestinienne sur un cessez-le-feu reprendront cette semaine. Dans la Bande de Ghaza, plusieurs milliers de Palestiniens ont manifesté leur opposition à une guerre en Irak. À cet égard, Israël a estimé hier que l'offensive américaine reste «inéluctable» et sera uniquement différée : «une opération de force est inéluctable car il va falloir priver l'Irak de ses armes de destruction massive et se débarrasser du régime de Saddam Hussein», a déclaré un haut responsable israélien pour qui, le compte à rebours, a commencé. Enfin, la décision prise par la justice belge à l'encontre d'Ariel Sharon et ses complices dans les massacres de Palestiniens à Sabra et Chatila, en 1982 au Liban, a déclenché une crise diplomatique entre les deux pays et continue de susciter de vifs remous.