Ils étaient environ dix millions samedi à défiler dans leurs capitales respectives pour protester contre le déclenchement d'une guerre en Irak. Une mobilisation internationale qui a ébranlé plus d'un gouvernement. Dix millions, c'est le nombre estimé de manifestants qui se sont mobilisés, samedi à travers le monde, pour dire «non» à la guerre en Irak. En Amérique du Nord et du Sud, au Proche-Orient, en Asie et en Europe, les opinions publiques appuyées par les principaux partis d'opposition et les ONG pacifistes se sont massivement opposées à toute utilisation des armes contre le régime de Bagdad. Les premières marches ont débuté dès vendredi en Australie, avec quelque 100.000 personnes dans les rues de Melbourne, et au Japon, avec 25.000 manifestants à Tokyo. Le lendemain à Damas, plus de 200.000 Syriens ont dit « non » à la guerre, tout comme quelque 3.000 manifestants juifs et arabes à Tel-Aviv, et des milliers d'autres dans les rues de Bagdad. La mobilisation s'est ensuite poursuivie en Amérique du Nord avec plus de 100.000 Canadiens à Montréal, presque autant à Toronto et à New York. A Los Angeles, environ 20.000 personnes, dont plusieurs stars du cinéma, ont dit non à la guerre. Tout comme des dizaines de milliers de Brésiliens à Rio de Janeiro et d'Argentins à Buenos Aires. Les manifestations les plus importantes ont cependant été enregistrées en Europe et en particulier dans les trois pays qui se sont alignés sur la position américaine. Des mobilisations qui ont marqué un désaveu massif de ces populations par rapport à la ligne adoptée par leurs gouvernements respectifs, désormais isolés sur le plan national. En Espagne, ils étaient ainsi deux millions à défiler dans les rues de Madrid, entre 1,3 et 1,5 dans celles de Barcelone. Environ 500.000 personnes étaient également mobilisées à Valence, 250.000 à Séville, 200.000 à Bilbao. En Italie, pas moins de trois millions manifestants ont marché à Rome. Ce cortège s'étendait sur près de dix kilomètres ! Dans le plus important défilé jamais vu à Londres, ils étaient entre 750.000 - selon la police - et deux millions - selon les organisateurs - de Britanniques à réclamer la paix. Et à défier leur Premier ministre, Tony Blair. A Glasgow, en Ecosse, au moins 80.000 personnes ont aussi défilé tandis qu'une autre marche record a réuni environ 100.000 Irlandais à Dublin. Si la mobilisation n'a pas été au rendez-vous en France, où 250.000 personnes ont défilé à Paris, celle de Berlin a une nouvelle fois dépassé les espérances des organisateurs. Environ 500.000 personnes ont manifesté samedi contre la guerre en Irak, lors d'une des plus importantes marches qu'ait connues le pays depuis l'après-guerre. Plusieurs centaines de milliers d'autres Européens ont enfin défilé à Bruxelles, Stockholm, Varsovie, Moscou, Budapest ou encore Athènes. Partout les slogans ont réclamé la paix et demandé aux Etats-Unis de renoncer à cette «guerre pour le pétrole». Réagissant depuis Rome, où il a été reçu par le Pape Jean-Paul II, le vice-Premier ministre irakien a appelé, dimanche, les Etats-Unis «à écouter la voix de l'opinion publique internationale». Lui-même Chrétien chaldéen, Tarek Aziz a par ailleurs mis en garde les pays d'Europe contre un soutien aux Etats-Unis pour une « guerre d'agression qui serait interprétée par les pays arabes et le monde musulman comme une croisade contre les Arabes et l'Islam ». Dénoncée par la plupart de ses alliés traditionnels et par l'opinion internationale, l'administration Bush pourra-t-elle encore aller jusqu'au bout de ses ambitions ? Le séisme politique provoqué par la mobilisation populaire en Italie, Espagne et Grande-Bretagne, pourrait désormais l'amputer de trois précieux partenaires…