Le 20 mars, un an jour pour jour après le déclenchement de la deuxième guerre du Golfe, des milliers de personnes ont manifesté à travers le monde. De New York au Caire, le mot d'ordre a été le même : non à la guerre. Le premier anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak a été largement ignoré à Bagdad, qui a vécu, l'une des journées les plus calmes depuis le début de la guerre, le 20 mars 2003, alors que les forces américaines étaient sur le qui-vive. Même atonie dans le monde arabe. Les rues sont restées calmes à l'exception de celles du Caire, de la capitale jordanienne et de Bahreïn. Environ 2.000 personnes ont manifesté en Turquie, à Ankara et Istanbul, avant d'êtres dispersées pacifiquement . Dans la Grèce voisine, ils sont un peu plus de 10.000 à être descendus dans la rue, joignant aux slogans hostiles à la guerre en Irak, les protestations contre le projet du gouvernement local de faire venir des troupes de l'Otan pour assurer la sécurité aux prochains Jeux olympiques d'Athènes, du 13 au 29 août prochain. Ailleurs, en Europe et aux USA, les anti-guerre ont déferlé dans la rue tout au long de la journée du samedi. Partout, à Rome, New York, Londres, Madrid, Varsovie, Sydney, Tokyo, Paris, Budapest et Montréal, c'était le même mot d'ordre : non à la guerre. Ce que les politiques n'ont pas pu faire, parler d'une même voix, les marcheurs de la paix l'ont fait, un an après le déclenchement des hostilités en Irak. Samedi dernier, dans la capitale britannique, 100000 personnes (selon les organisateurs) ont défilé sous une fine pluie, dénonçant l'occupation de l'Irak et les «mensonges» du gouvernement Blair. Deux alpinistes, militants de l'organisation écologiste Greenpeace, ont prix d'assaut le Big Ben, hissant sur la célèbre tour-horloge du Parlement britannique cette inscription en anglais, «le temps de la vérité ». Dans ces conditions, la présentation du Budget de l'Etat pour 2004-2005, faite par Tony Blair, mercredi dernier, est passé quasiment inaperçue. En Espagne, plusieurs personnes ont aussi sillonné les rues ce week-end, en signe de protestation contre la guerre en Irak. Selon les organisateurs, 250.000 personnes ont manifesté à Barcelone et 100.000 à Madrid avec comme slogan-vedette : le retrait des troupes engagées en Irak. A Rome, les organisateurs parlent du chiffre record de 2 millions de manifestants (250.000 selon la police), alors que Berlusconi venait de réaffirmer son engagement à maintenir les 2 600 militaires italiens du côté des alliés, quoi qu'il arrive. A Paris comme à Berlin, le nombre de manifestants a été beaucoup plus limité, du fait sans doute de l'opposition à la guerre manifestée par les deux gouvernements. Environ 7.500 personnes ont répondu à l'appel des anti-guerre dans l'ensemble des villes de France. Plus de 1.600 personnes ont manifesté à Berlin et 2.000 autres se sont rassemblées pacifiquement devant une base américaine. Outre-Atlantique, l'anniversaire de l'invasion de l'Irak est aussi saisi par les pacifistes pour exprimer leur opposition à la politique de Bush. Plus de 200 villes américaines ont manifesté samedi, soit 24 heures avant le lancement officiel de la campagne du président Bush, qui a placé les opérations en Irak et en Afghanistan sur le même régistre des actions de «l'Armée de libération». En réplique aux critiques, le locataire de la Maison-Blanche s'est dit fier que son armée ait «libéré» 50 millions de personnes. Le pic de ces manifestations en Amérique a été observé à New York où le collectif anti-guerre “Answer” et la coalition des organisations de gauche «United For peace and justice» ont mobilisé 100 000 personnes. Comme avec Tony Blair à Londres, beaucoup de pancartes fustigeaient l'administration Bush pour avoir «menti». Preuve que le sentiment anti-guerre est de plus en plus vif en Amérique, la procession de 20 000 personnes samedi, dans les rues de Hollywood. Plutôt rare dans la capitale mondiale du cinéma. Mais si dans le monde entier, les pacifistes ont manifesté, l'intensité n'est pas la même, de l'avis des observateurs, qu'avant le déclenchement de la guerre en Irak ; à l'exception des USA où les manifestations ont été très nombreuses ce 20 mars, rappelant à certain égard, les mobilisations sans précédent contre la guerre du Vietnam. La situation sur le terrain et l'effort de guerre supporté par le contribuable américain ne sont pas pour arranger les affaires du candidat Bush. Depuis le déclenchement de l'offensive anglo-américaine, il y a une année, 572 GIs ont trouvé la mort. Dans un rapport alarmant sur la situation, Amnesty International fait état de 10 000 civils irakiens tués en l'espace d'une année.