Taroudant. Persuadé qu'elle le trompait, un homme a tué son épouse d'un coup de bonbonne de gaz. Arrêté, il a été traduit devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel d'Agadir. «Est-ce que ma femme me trompe ?». C'est la question qui hantait depuis belle lurette l'esprit de Mohamed. Il ne sait ni quoi faire ni quoi dire à son épouse qui ne s'intéresse plus à ce qu'il dit et ne semble pas avoir l'intention d'apaiser la tension qui persiste dans leur foyer. Il ne sait même pas pour quelle raison elle a changé, au point qu'elle quitte de temps en temps sa demeure de J'nane Laâboubi, à Bouizmarne, dans la province de Taroudant. Leur union remonte à une dizaine d'années, quand il l'avait rencontrée pour la première fois, dans un souk. Un coup de foudre l'a poussé à lui exprimer son amour. De prime abord, elle ne l'a pas cru, surtout qu'elle ne l'avait jamais vu auparavant. Ensuite, elle ne croyait pas au coup de foudre. Mais elle a fini par céder quand il a insisté pour qu'elle lui accorde au moins une chance de lui prouver son amour et de lui exprimer ses bonnes intentions. Tout s'est passé en un temps record. La jeune fille s'est retrouvée du jour au lendemain sous le toit du foyer conjugal. Au fil des années, leur relation a commencé à se dégrader. Pourquoi? Personne ne le sait au juste. Ce qui est certain, c'est qu'ils ne s'adressaient que rarement la parole et se disputaient très souvent pour la moindre raison. Pire encore, ils ne partageaient que rarement le même lit. Leurs proches sont intervenus à maintes reprises pour les calmer et les amener à reprendre leur relation conjugale. Des efforts vains. Ils passaient le plus clair de leur temps à s'insulter, à se disputer; parfois ils en venaient même aux mains. Au point que l'épouse a quitté le domicile conjugal pour se rendre chez ses parents. Entre-temps, Mohamed a commencé à avoir des soupçons sur le comportement de sa femme. Il n'arrivait pas à admettre le fait qu'elle se soit permise de quitter le foyer conjugal pour le laisser seul chez lui. Il a commencé à s'interroger sur les raisons pour lesquelles elle lui tournait le dos sans accepter de partager avec lui le même lit. Des soupçons destructifs qui ont écorné un peu plus leur relation au point que Mohamed ne pensait plus qu'à se venger. Pourquoi et comment ? Il aurait mieux valu divorcer que de penser à détruire l'autre. Mais les idées noires ont déjà commencé à germer dans la tête de ce journalier, âgé d'une quarantaine d'années, qui semblait attendre l'occasion propice pour régler ses comptes avec elle. Fin janvier, une rixe les a opposés au point qu'une fois encore, l'épouse a emballé ses affaires et a quitté la maison conjugale. Pour aller où ? Il n'en savait rien, mais il pensait qu'elle irait chez ses parents. Il ne lui a pas demandé de rester à la maison. Au contraire, il a pensé que cela lui ferait du bien et la calmerait. Deux jours plus tard, il n'avait reçu aucun coup de fil de ses beaux-parents, alors que c'était l'usage quand ils se chamaillaient. Pour en avoir le cœur net, il leur a téléphoné. «Elle n'est pas chez nous», lui a répondu sa belle-mère. Une réponse qui a mis Mohamed hors de lui. «Elle doit être en compagnie d'un autre homme», s'est-il dit, avant de se lancer aussitôt à sa recherche. Il a fait l'aller-retour Taroudant-Agadir, sans parvenir à la retrouver. Où et chez qui pouvait-elle bien être allée? Aucune idée. Il a fallu attendre le mardi 8 février pour qu'un appel téléphonique lui parvienne de ses beaux-parents. «Ta femme est arrivée, elle était chez son frère», lui a dit sa belle-mère, qui l'a supplié de se calmer et de ne pas se révolter. Il l'a rassurée, lui affirmant qu'il ne réagirait pas violemment. Dans l'après-midi, Mohamed s'est rendu chez ses beaux-parents pour ramener sa femme chez lui et faire comme si rien ne s'était passé. Mais une fois à la maison, la conversation sur les raisons de sa disparition et le lieu où elle a séjourné durant tous ces jours a cédé la place à l'échange d'invectives. Le ton a brusquement monté de plusieurs crans. Mohamed s'est saisi d'une bonbonne de gaz et a frappé son épouse sur la tête. Ce seul coup a suffi pour qu'elle rende l'âme.