Ne supportant plus l'infidélité de son mari, une mère de famille a tué la maîtresse de celui-ci en l'aspergeant d'acide chlorhydrique. Par cet acte criminel, la prévenue voulait protéger son foyer. L'amour n'est plus qu'un souvenir pour Saâdia. Cette jeune femme, d'une trentaine d'années, se rappelle de sa première rencontre avec son mari, Al Maâti. Elle remonte à une dizaine d'années, quand il l'a croisée dans une ruelle de la ville de Fès. Il l'a abordée et lui a dit des mots mielleux. Elle a la nostalgie de ces bons moments qu'elle a passés en sa compagnie. Les deux tourtereaux passaient leurs journées à flâner dans les jardins et s'attablaient dans les cafés de la ville. Al Maâti déployait tous ses efforts pour la rendre très heureuse. Bien que son emploi ne rapporte pas gros, il économisait pour pouvoir lui acheter tout ce dont elle avait besoin. Quelques mois plus tard, ils ont convolé en justes noces en organisant une petite fête familiale. Le couple vivait heureux pendant les premiers mois suivant le mariage. Al Maâti était généreux avec sa femme, il la couvrait d'amour et de cadeaux. Un premier enfant est venu égayer leur petit monde, puis un deuxième. Mais le comportement d'Al Maâti ne tardera pas à changer. Il n'est plus le même. Qu'est-ce qui lui est arrivé? Saâdia ne savait rien. Elle a même remarqué qu'il ne partageait plus le même lit avec elle au même rythme qu'auparavant. Elle lui en a fait la remarque. Aucune explication. Il n'a pas prêté attention à ce qu'elle éprouvait. Pour avoir le cœur net, elle a commencé à chercher ailleurs les raisons du changement de son mari. La réponse était choquante : Al Maâti la trompe avec une autre femme. «Pourquoi me trompes-tu?», lui a-t-elle demandé. Aucune réponse. Un silence qui a rongé en partie son cœur. Quelle est donc la solution ? Demander le divorce ? En fait, Saâdia est contre la répudiation. Elle n'a jamais pensé perdre son mari. «C'est sa maîtresse qui doit le perdre et non pas moi», avait-elle pensé. Pour elle, c'est une question de vie ou de mort. Alors que pour la maîtresse d'Al Maâti, Khadija, une belle jeune mère célibataire, peu importe qu'Al Maâti soit marié ou non, que sa femme souffre de cette relation d'adultère ou pas. Ce qui importait pour elle, est que son amant l'aime et la rend très heureuse au détriment de son propre foyer. Une situation qui a poussé Saâdia à penser au moyen lui permettant de défendre son foyer. Elle a pensé à déformer le visage de Khadija en l'aspergeant d'acide chlorhydrique. Et elle est effectivement passé à l'acte. Un acte qui lui a coûté un an de prison ferme. Saâdia qui a vécu un grand calvaire à la prison durant douze mois loin de ses enfants et son foyer a pensé que son mari va s'éloigner de sa maîtresse. Cependant, quand elle a été relâchée, elle a découvert que son mari continue à voir Khadija. Il semble que leur relation intime s'est consolidée de plus en plus. Que faire ? Elle a pensé à la tuer. Comment? «Je dois l'éloigner définitivement du chemin de mon mari en aspergeant tout son corps d'acide chlorhydrique», a-t-elle décidé. Jeudi 6 juillet 2006, dans l'après-midi, elle est passée à l'acte. Elle guettait Khadija qui sortait au marché pour faire ses courses. Elle l'a aspergée du produit chimique. Après quoi, Saâdia a rebroussé chemin et rentré chez elle comme si de rien n'était. Le soir, son mari est rentré pour la trouver avec de nouveaux vêtements. C'est la première fois, depuis belle lurette, qu'il la remarque ainsi. Pourquoi ? Qu'est-ce qui a changé «Elle ne sera jamais plus belle que moi», lui dit-elle. En se rendant illico vers le domicile de sa maîtresse, il apprend la tragédie : sa maîtresse a rendu l'âme à l'hôpital. Saâdia a été arrêtée et traduite devant la cour d'appel de Fès. Quand à Al Maâti, il a perdu et sa maîtresse et son épouse.