L'infidélité n'est plus l'apanage des hommes. Le phénomène gagne aussi les femmes de plus en plus coupables d'adultère. Sous l'emprise de la jalousie, une femme a castré son mari et l'a laissé se vider de son sang dans le foyer conjugal. Acte dramatique pour ne pas dire paranoïaque. Ceci s'est passé il y a plus de 5 ans dans le quartier Hay Hassani à Casablanca. La femme, après s'être assurée de l'adultère de son mari, a emmené ses enfants chez sa mère et a commis son crime avec sang-froid. Voilà un exemple tragique qui illustre parfaitement ce à quoi peut conduire l'infidélité. Au Maroc, l'infidélité a toujours existé, l'infidélité des époux. La nouveauté est qu'elle commence à se développer chez les femmes. «Avant les années 70, les femmes vivaient dans leur petit monde loin de toute mixité. L'accès au monde des hommes était pratiquement inexistant», explique Dr.Aboubakr Harakat sexologue psychothérapeute. Et de continuer : «L'ouverture s'est effectuée à partir des années 70 avec la scolarisation des filles». Pour lui, c'est cette ouverture ainsi que la réhabilitation que vit la femme marocaine dans ses droits qui est à l'origine de l'infidélité naissante et grandissante des épouses. Le boom de l'infidélité chez les femmes peut entrer dans le cadre de la conquête de la liberté sexuelle. Pour Soumaya Naâmane Guessous, sociologue, la donne est autre : «Grâce à leur indépendance financière, les femmes marocaines ne se sentent plus obligées d'être des objets sexuels de leurs maris. Certaines d'entre elles ont arrêté aussi de concilier avec l'infidélité de leurs époux». Pour cette sociologue, on ne peut pas encore parler d'infidélité des épouses marocaines, vu leur nombre dérisoire. «Autant l'homme infidèle est sublimé par la société, autant l'infidélité de la femme est sévèrement condamnée», note Soumaya Naâmane Guessous pour expliquer cet état de fait. Pour elle, ce n'est aucunement de l'élan sexuel chez les femmes par rapport à celui deshommes qui justifie le petit nombre des femmes qui se laissent tenter par l'infidélité. Ce n'est pas l'avis d'Aboubakr Harakat : «De par leur nature physiologique, les hommes ont plus de pulsions hormonales que les femmes. Normal, puisque la cellule qui régule la sexualité n'est autre que la testostérone fortement présente chez l'homme et faible chez la femme». Pour lui, c'est pour cela que l'infidélité des femmes est relativement plus faible que celle des hommes. «Beaucoup de femmes marocaines deviennent infidèles car leurs maris sont des éjaculateurs précoces. Certaines le font pour chercher la tendresse et la valorisation tandis que d'autres s'adonnent à l'adultère pour subvenir aux besoins de leurs enfants», informe Dr.Harakat. Et de continuer : «La bonne sexualité de l'homme est prouvée par la quantité et non la qualité du rapport sexuel. Faire jouir sa partenaire est une préoccupation secondaire». Dans le même ordre d'idées, Soumaya Naâmane Guessous déclare avec conviction que rares sont les épouses marocaines qui ont une vie sexuelle équilibrée. «L'épouse doit être à la limite de la servilité. Elle doit se donner à son mari sans rechigner quand il le désire, lui. Elle est tenue d'accepter même ses perversions sexuelles pour ne pas lui donner l'occasion d'aller voir ailleurs. En cas d'infidélité, elle est fautive devant la société puisqu'elle n'a pas réussi à combler son mari», fait-elle remarquer. Et de rajouter: «Une femme qui ose solliciter sexuellement son mari, est considérée par la société, à commencer par son mari comme une prostituée». Tout ceci n'a bien évidemment aucun fondement religieux. Le jeu de l'amour est préconisé par le Fikh. La réalité est autre. Ce sont des traditions barbares cumulées et confortées au fil des décennies qui sont à l'origine de cet état de fait. Pour Dr. Harakat, la religion est là aussi pour amoindrir le champ de la sexualité. «L'Arabie préislamique permettait une certaine liberté sexuelle généralisée. L'Islam a mis un peu d'ordre. Il n'en demeure pas moins qu'il a consacré la sexualité de l'homme et non celle de la femme», fait-il remarquer. En effet, l'homme s'est retrouvé avec des droits tels que la possibilité d'avoir des esclaves, de se marier avec quatre femmes et même le droit de divorcer et donc de changer de femme quand il veut. Alors que la femme a vu sa liberté sexuelle amoindrie. «Dans l'Arabie préislamique, les femmes choisissaient leurs partenaires. Certaines parmi elles étaient polygames. Dans quelques tribus, pour répudier leurs maris, les femmes changeaient tout simplement l'ouverture de la tente conjugale», rappelle Dr. Harakat. Pas besoin de souligner que plusieurs sont ceux qui ne le voient pas de cet œil. «Pour lutter contre l'infidélité qui pousse actuellement des milliers de familles à l'éclatement, il faut assainir les relations entre les couples et sensibiliser la société pour qu'elle respecte équitablement les femmes et les hommes. Bien avant, il faut éduquer les enfants en leur apprenant à connaître et entretenir leur corps», recommande Soumaya Naâmane Guessous. En attendant, les rangs des infidèles, hommes et femmes, continueront à s'allonger !