Les tensions ont encore monté d'un cran, jeudi, entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, après que celle-ci ait relancé ses activités nucléaires et mis en garde Washington contre toute attaque de ses installations. Mercredi, Pyongyang a franchi une nouvelle étape dans le face-à-face qui l'oppose aux Etats-Unis depuis plusieurs semaines. Après avoir menacé de le faire pendant des semaines, le régime communiste a finalement annoncé le redémarrage de ses centrales nucléaires «pour produire de l'électricité». La Corée du Nord «a déjà solennellement déclaré que ses activités nucléaires seraient limitées à une utilisation pacifique, incluant la production d'électricité», ajoutait un communiqué officiel. Nouvelle provocation ou réelle décision ? Pyongyang avait commencé, en novembre 2002, par annoncer la relance «immédiate» de son programme militaire gelé par un accord en 1994. Elle avait ensuite expulsé les quelques inspecteurs de l'ONU qui se trouvaient encore sur son territoire, puis signifié au reste du monde son retrait du Traité de non prolifération nucléaire (TNP). Mi-janvier, elle avait enfin évoqué la reprise de ses essais de missiles balistiques. Les multiples tentatives de médiation sud-coréenne, australienne puis russe, n'ont pas réussi à raisonner Pyongyang dont le but est d'obtenir des concessions de la part de Washington. Reste que l'administration Bush, sans dramatiser la situation, a jusque-là campé sur ses positions. Mercredi, le porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer, a ainsi estimé que «le sentiment général est que la Corée du Nord marche à reculons dans l'Histoire en s'enfonçant dans un plus grand isolement. Cela représente un véritable revers pour le peuple nord-coréen». Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a par contre été plus incisif en qualifiant de «dangereuse» l'initiative nord-coréenne et en faisant savoir que ses troupes étaient prêtes à affronter -si nécessaire- ce «régime terroriste». Et l'autre camp de répliquer dès le lendemain par une nouvelle montée de tension en menaçant les Etats-Unis d'une «puissante contre-attaque» si ceux-ci venaient à envisager un bombardement… «Si les USA attaquent par surprise nos installations nucléaires pacifiques, cela provoquera une guerre totale», a indiqué le journal Rodong Sinmun, porte-parole officieux du pouvoir détenu depuis 1994 par Kim Jong-Il. « Nous répondrons à une attaque préventive par une contre-attaque et à une guerre totale par une guerre totale », y prévenait Pyongyang. Son voisin du Sud, directement concerné par l'éventuel éclatement d'un conflit, a pour sa part manifesté son inquiétude. Malgré le processus de normalisation que les deux pays ont engagé, Séoul a été largement écarté de toute discussion, tout comme les autres pays de la région. «Nous surveillons la situation de très près et nous sommes profondément préoccupés», a indiqué jeudi un responsable sud-coréen des Affaires étrangères. Lequel a toutefois minimisé la nouvelle en estimant que Pyongyang avait annoncé le redémarrage de sa centrale «pour voler la vedette» au secrétaire d'Etat, Colin Powell, qui intervenait au même moment devant le Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Irak. Il a aussi prédit d'autres mesures du Nord pour provoquer les Etats-Unis : «Ils pourraient recommencer bientôt à tester des missiles, quelque chose qui inquiète à juste titre les Japonais». Le régime stalinien avait en effet tiré un missile balistique au dessus du Japon, en août 1998…