Le logo de Ghizlane Lhassani, étudiante à l'Ecole de Beaux-Arts de Casablanca, a été choisi pour représenter la manifestation artistique «Rabat capitale de la culture arabe». Alors que ce prix ouvre à l'intéressée des possibilités insoupçonnées, elle décide de changer de métier. L'école des Beaux Arts de Casablanca est en fête. Les étudiants et les profs sont fiers que le logo de l'un des leur ait été sélectionné pour représenter une importante manifestation culturelle . L'heureuse lauréate que cette école fête s'appelle Ghizlane Lhassani. Elle a participé à la dernière minute au concours et a montré que les circuits, parfois opaques du Ministère de la Culture, ne sont pas assez dissuasifs pour des personnes déterminées. «C'est tout à fait par hasard que j'ai appris ce concours. Nous n'avons pas eu l'information à temps. Il restait à peine 5 jours avant la date limite et j'ai dû faire très vite », dit-elle. Est-ce cette vitesse d'exécution qui explique l'aspect minimaliste des lignes du logo ? En tout cas, le logo dessiné par Ghizlane Lhassani est sans emphase. Il évoque l'un des emblèmes de la capitale du Royaume de la façon la plus épurée possible. La tour Hassan et ses colonnes sont pour ainsi dire grattées jusqu'à l'indestructible. À peine un rectangle vertical à l'intérieur duquel tiennent trois lignes courbes. Le rectangle représente la Tour Hassan, les trois ogives qui le remplissent : les colonnes. Une ligne cambrée est située en dessous du rectangle. Si l'on se représente dans le côté droit l'inscription : «2003 Rabat capitale de la culture arabe», écrite en arabe, français et anglais, l'on aura une idée du logo de cette manifestation. Son graphisme, tout en étant réduit à des lignes pures, comprend une petite imperfection d'où il tient son caractère. Les formes courbes ne sont pas en effet impeccablement arrondies. Au demeurant, dans ce logo, les formes anguleuses et rigoureusement coupées du triangle se disputent avec les lignes concaves et courbes des colonnes. Cette confrontation entre l'angulaire et le cambré est porteuse d'étincelles. Ghizlane Lhassani est née en 1977. Étudiante en quatrième année, elle suit une formation en design publicitaire. Elle a participé l'année dernière, avec une affiche sur le sucre, à l'exposition des étudiants de l'Ecole des Beaux Arts de Casablanca à l'Institut français de cette ville. « J'éprouve de la fierté, non pas parce que j'ai remporté le concours, mais parce que mon école a montré sa valeur », affirme-t-elle. Et d'ajouter : «Certaines personnes se plaisent à dévaloriser l'enseignement dispensé dans cette école, pourtant, on y apprend bien plus de choses qu'on ne le dit». L'intéressée a été récompensée par 15 000 DH. On aurait pensé que ce logo allait lui ouvrir d'autres possibilités dans le domaine du graphisme, pas du tout ! «Je suis très limitée dans le graphisme, je sens que je peux m'exprimer infiniment mieux dans le stylisme !», dit-elle. Ghizlane Lhassani veut donc quitter le graphisme pour la mode. Le dessin constitue évidemment un joint entre les deux formes d'expression. Mais n'est-ce pas étonnant de voir une jeune artiste, qui a doté une manifestation d'un logo simple et inventif, tourner le dos à un domaine où elle promet tant ?