«C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet, Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre». Coran, sourate 5 verset 32. Il nous faut assécher le terreau d'où émergent les monstres tels que ceux qui ont commis l'innommable en ôtant la vie dans des conditions particulièrement atroces à Louisa et Maren. Pour cela il est indispensable d'agir aussi en amont et ne plus se montrer passifs -voire indulgents- envers ceux qui transforment des jeunes en chair à canon, qui embrigadent, qui «bouffent le cerveau» de notre jeunesse. La banalisation des paroles de haine, de rejet de l'Autre, de stigmatisation, de violence ne pouvaient que conduire à cela. Les paroles ont armé les bras ! Ces bras qui ont commis l'innommable… Il est plus qu'urgent d'ouvrir les contre-feux – est-il d'ailleurs encore temps – Il est vital d'agir pour empêcher que des «esprits faibles» voient dans les paroles de haine et de rejet proférées par certains des passe-droits pour passer à l'acte, pour tuer… Il nous faut entourer notre jeunesse la plus fragile d'une ceinture de sécurité : la culture, l'éducation, le dialogue, l'écoute… sont quelques outils même si bien sûr nous ne pourrons jamais éviter totalement l'émergence de ces monstres, de ces mutants… Comment ne pas se sentir démunis face à de telles atrocités, mais du moins cessons de détourner le regard lorsque des «prêcheurs», des politiques, des apprentis sorciers, des «influenceurs» arment les bras qui tuent, par leurs paroles : réagissons systématiquement, dénonçons, répondons, signalons… nous avons tous un rôle à jouer contre cette fabrique de barbarie… Lorsque l'on sait que notre code pénal ne prévoit pas un seul article permettant de condamner ne serait- ce que les propos racistes, il y a de quoi s'inquiéter. Il nous est malheureusement donné, quotidiennement, d'entendre des appels à la haine, des propos de stigmatisation de l' Autre, des avis prononcés au nom de «nos valeurs», de «nos traditions» ou encore de notre religion (à tort bien entendu) qui condamnent autrui sans que personne ne réagisse (ou si peu) et sans que la loi ne permette d'y mettre fin. Chacun(e) d'entre nous est interpellé, dans la «vraie vie» et sur les réseaux sociaux où l'anonymat permet tout: propos racistes, haineux, sexistes…pullulent et pervertissent les esprits de nos jeunes ! Il faut dresser des garde-fous, montrer les limites, dénoncer tout dérapage et réfléchir à une réglementation qui pénalise les propos qui incitent à la haine. Notre pays -à l'instar de tant d'autres-s'endort et se réveille traumatisé chaque jour depuis ce drame, ne reprenons pas nos vies «comme si de rien n'était» lorsque l'émotion sera retombée -même si bien sûr la vie doit être la plus forte- soyons conscients que la barbarie est aux aguets et que seules notre veille, notre mobilisation constantes face aux dérives verbales, face aux propos inacceptables envers l'Humanité qui est en nous, seront à même de contribuer à nous en prémunir… Puisse la mort de Louisa et Maren provoquer le sursaut nécessaire de toute notre société et non pas de nos seuls services de sécurité, qu'il nous faut d'ailleurs féliciter et remercier. La parole est l'antichambre de l'acte…