Le processus du démantèlement douanier touche à sa fin. Mars 2003 annoncera le début de la fin. A partir de cette date, nos entreprises seront livrées à elles-mêmes. Dernière ligne droite. Le calendrier du démantèlement douanier entamera dans le courant de cette année sa phase finale. Comme convenu dans le cadre des accords avec l'UE (Union européenne), le démantèlement progressif touchera à partir de mars 2003 les produits fabriqués localement à raison de 10% par an jusqu'à la disparition complète des droits de douane à l'horizon 2012. Avant cette date, ce sont les matières premières, biens d'équipement et produits non fabriqués localement qui ont été concernés par cette opération. Le processus entamé en 1996 touche donc à sa fin. C'est en effet à cette date que l'accord de libre-échange avec l'Union a été signé. Celui-ci devait entrer en vigueur le 1er mars 2000. Il prévoyait la suppression totale des droits de douane sur les biens d'équipement et certaines pièces de rechange. Il prévoyait également le début du démantèlement pour les matières premières et intrants non-fabriqués localement à raison de 25% par an. Les négociations concernant le volet agricole, dossier très sensible, ont été renvoyées à 2002. Il ne reste donc plus que quelques années pour que l'hécatombe annoncée se matérialise. En 2012, il ne sera plus question d'opérer au niveau d'un marché protégé. Les entreprises seront livrées à elles mêmes. Ce sont les lois du marché qui détermineront la structure de notre tissu économique. Certes, les prix de biens de consommation vont baisser et donc le marché fonctionnera plus dans l'intérêt du consommateur. Il n'en reste pas moins que la concurrence sera telle, que seules les entreprises préparées à rester dans la course, continueront à bénéficier d'un état de grâce. En fait, c'est le marché qui conditionnera la présence des entreprises qui sont appelées par ailleurs à consentir un effort encore plus important pour se maintenir voire même se développer si les conditions le permettent. Nos entreprises se sont-elles préparées suffisamment au rendez-vous fatidique ? Loin s'en faut. C'est plutôt le contraire qui est vrai. Ceci pour la simple raison que l'opération de la mise à niveau a été plutôt mal gérée. Le retard cumulé au début du processus dû notamment aux lourdeurs administratives au niveau de Bruxelles a été très préjudiciable. Il sera l'un des éléments qui pénaliseront lourdement la mise en place efficace et rapide des mécanismes qui étaient censés donner de la visibilité à nos entreprises qui sombrent aujourd'hui dans le fatalisme. Les opérateurs économiques et les analystes vous le diront : le bilan est mitigé. Ce qui n'est pas pour arranger les intérêts de plus de 75% de nos structures qui rencontreront forcément des difficulté de taille d'ici quelques années. Il est vrai que des mécanismes de financement ont été mis sur place, il est tout aussi vrai que des mesures importantes ont été prises pour booster tout le processus, il n'en reste pas moins que jusqu'à aujourd'hui aucun fonds de mise à niveau n'a été mis en place. Pis encore, un opérateur qui veut remettre son entreprise sur pied doit coller les différents morceaux en faisant appel à plusieurs interlocuteurs, faute de balises claires et d'information fiable susceptible de l'orienter. Quoi qu'il en soit, le cap a donc été maintenu. Ce n'est le cas des exigences et des attentes des uns et des autres. Si du côté marocain, la mise à niveau est devenue une question centrale au point d'en faire une priorité nationale avec, en filigrane, la mise en place d'un ministère dédié spécialement à la question. Auprès d'Abderrazak Mossadeq, ministre chargé des Affaires économiques et de la Mise à niveau, on souligne que le montant alloué au titre des mesures d'accompagnement dans ce domaine, depuis 1996, s'élèvent à 45 milliards de DH. Le ministre insiste surtout sur le relâchement qui concerne le déblocage des fonds, prévu dans le cadre de sa coopération avec le Royaume, destinés à la mise à niveau de l'entreprise marocaine. Il fallait attendre quatre ans entre la signature et la ratification, si l'on en juge par ses propos. Du côté de Bruxelles l'on assiste à un changement de langage qui n'est pas de nature à encourager les pouvoirs publics et encore moins les opérateurs économiques qui peinent déjà à remplir leurs engagements. Le nouveau discours prend aujourd'hui une dimension politique. Celle-ci n'est plus limitée à de simples ajustements techniques accompagnant des baisses tarifaires ; elle entend s'appliquer à tous les secteurs économiques et sociaux, à la protection de l'environnement et à la lutte contre le terrorisme. C'est en fait l'adhésion à un système de valeurs qui est attendu en même temps que l'application de mécanismes commerciaux préférentiels. Qui dit mieux?. Nos opérateurs ne sont pas au bout de leur peine. Toujours est-il que la mise à niveau est une affaire de tous, comme le souligne M. Mossadek. La mise en place d'un comité regroupant plusieurs acteurs devrait, en principe, accélérer le rythme dans ce domaine. Des décisions décisives seront incessamment prises, rassure M. Mossadeq.