Le Maroc est chez lui au Sahara. Personne ne pourra l'en sortir. Cet axiome admis, le chef de l'État marocain peut bien assister à un Sommet arabe. Nous connaissons depuis longtemps la valeur de ce genre de messes, même s'il se déroule en Algérie ce qui est loin d'être un gage d'une réussite quelconque. Nous avons toujours dit que nos confrères algériens avaient du talent. Ils le démontrent encore une fois dans des analyses, assez ahurissantes, faites dans la perspective de la prochaine visite royale à Alger. Le pétage de plomb est généralisé. Revirement de la politique chérifienne (!) . Victoire de la position algérienne. Échec des pressions franco-américaines en faveur des thèses marocaines sur le Sahara. Une profonde crise économique, une puissante montée de l'islamisme et un naufrage social obligent le Maroc à se tourner vers l'Algérie. Le triomphe du principe de l'autodétermination des peuples etc. Dans les détails et sous forme d'un florilège complètement aléatoire cela donne : «Un nouveau discours du Palais Royal qui change des attaques belliqueuses contre Alger.» «Le Roi tentera ainsi de vouloir faire d'une pierre deux coups : faire croire à la communauté internationale qu'il existe une possibilité de règlement de la question du Sahara entre l'Algérie et le Maroc, sortant ainsi du cadre de la légalité internationale, et gagner davantage de temps, pour consolider la marocanité du Sahara occidental aux plans démographique et administratif.» «Le Royaume du Maroc fait face à une grave crise sociale et économique, doublée d'une poussée de violence islamiste qui lui fait craindre le pire. Impossible de s'en sortir sans l'aide des pays voisins, notamment le nôtre, qui considère que même en matière de lutte contre le terrorisme, menée avec succès et pendant des années par l'Algérie, c'est le Maroc qui vient de prendre conscience, un peu tardivement au reste, de son isolement de plus en plus prononcé face à la communauté mondiale.» «Il est utile de se poser la question de savoir si Mohammed VI a enfin compris qu'il n'y a point de marchandage sur le dossier sahraoui. En fait, son déplacement à Alger peut donner des éléments d'explication en ce sens, d'autant plus que la presse marocaine, habituellement très prolixe sur la relation de cause à effet entre le Sahara occidental et l'UMA, n'a pas jugé nécessaire d'aborder le sujet sous cet angle dans les comptes-rendus traitant de la venue du Roi en Algérie.» Voilà qui confirme, encore une fois, à supposer que ce soit nécessaire, la mauvaise foi absolue de nos voisins. Nous, on n'est pas étonné de cette schizophrénie, nous la connaissons trop bien ; nous avons déjà affirmé la semaine dernière sur ces mêmes colonnes qu'il n'y avait rien à tirer de cette Algérie-là noyée depuis trente ans, notamment, dans l'imposture saharienne et qui ne voit de salut que dans la surenchère pathologique. Pour ceux qui doutent encore ou qui auraient un brin d'espoir, ils sont maintenant édifiés. Le Maroc est chez lui au Sahara. Personne ne pourra l'en sortir. Cet axiome admis, le chef de l'État marocain peut bien assister à un Sommet arabe. Nous connaissons depuis longtemps la valeur de ce genre de messes, même s'il se déroule en Algérie, ce qui est loin d'être un gage d'une réussite quelconque. Pour le reste, c'est-à-dire l'avenir d'un machin qui s'appelle l'UMA, Abdelaziz Bouteflika, comme dirait l'autre, fait partie du problème et non de la solution. Il est l'auteur depuis le départ de tout le «montage» idéologique et du dispositif politico-militaire qui vise à priver le Maroc de son intégrité territoriale. Cela, aucune posture ou imposture ne saurait l'effacer. Cette donnée historique et permanente bloque aujourd'hui l'émergence du début du commencement des prémices de quelque chose qui pourrait s'appeler l'intégration régionale. Et ce n'est pas demain que cela va changer. Le Maroc vit, se développe, se construit et avance, depuis près d'un demi-siècle, avec un voisinage algérien plus qu'hostile. Notre pays a appris à faire avec cette donnée géopolitique durable. La haine du Maroc est, quant à elle, le seul facteur structurant de la vie politique algérienne, l'unique cause exaltante de la société civile, le seul espace d'expression supposé patriotique d'une presse dite indépendante et, finalement, l'unique facteur de cohésion d'une armée qui voit dans le prolongement militaire de cette haine une opportunité de s'enrichir et de garder des privilèges en se surarmant. Plus ils haïssent le Maroc, plus ils ont l'impression d'être Algériens. Pis, aujourd'hui, un jeune de trente ans en Algérie a cette haine chevillée au corps car il n'a jamais entendu au sujet du Maroc que ce discours de la haine. Et ça continue. Il faut bien que ce jeune soit algérien, lui aussi.