L'économie informelle a pris des dimensions abyssales au Maroc. C'est l'objet du sondage hebdomadaire sur notre site Web. Les conséquences affligeantes de l'informel sur la machine économique nationale affichent des chiffres ahurissants. Adossé à des structures industrielles, l'informel gagne davantage en dimensions. «Aujourd'hui Le Maroc» a basé son sondage sur la question. Il en ressort qu'une frange importante des internautes, à hauteur de 43,2%, pense que l'économie informelle est une menace pour l'économie nationale. Rien de plus logique. L'informel est en train d'asphyxier le réglementaire. L'ampleur du phénomène constitue non seulement une menace au secteur structuré, à cause de la concurrence déloyale qu'il suppose, mais aussi une perte énorme pour les finances publiques, en plus d'une perte de parts de marché. En d'autres termes, une perte en investissements et en emplois productifs. En effet, le champ économique de l'informel est fractionné en trois catégories. Tout d'abord, il y a l'économie souterraine ou non déclarée pour se soustraire aux contraintes du droit (impôts, charges sociales, droit de travail…). Les activités familiales non marchandes (travail à domicile, travaux ménagers) constituent le second point. Puis, finalement, arrive l'économie illégale (contrebande, stupéfiants, contrefaçon, corruption, blanchiment, trafics d'êtres humains - immigration clandestine, prostitution, travail des enfants, falsification des documents, des devises…). Pour illustrer cet «état de siège», rien ne vaut la mise en avant de quelques chiffres gravitant autour de ce fléau. En effet, l'informel contribue au PIB à hauteur de 40,5%, soit près de 180 milliards de DH. Retenons encore, un tant soit peu notre souffle, le temps de souligner que le nombre de «structures industrielles» qui tartinent sur l'informel avoisine le 1,3 million d'unités. Cela dit, l'emploi assuré est de l'ordre de 2,1 millions de «postes», soit près de 20% de la totalité de l'emploi national. C'est peut-être pour cette raison qu'une autre partie des internautes (34,8% des 431 votes) estime que l'économie informelle est un facteur nécessaire à l'équilibre social. C'est un fait, car, plusieurs millions d'individus vivent de l'informel. D'autre part, le pouvoir d'achat de plusieurs millions d'autres individus ne leur permet de vivre que grâce aux produits issus de l'informel, prix compétitif oblige. Il est clair que le secteur informel constitue, en toute évidence, une composante importante de l'économie nationale, en tant que grand vecteur de production de biens et de prestation de services. Mais aussi en tant que pourvoyeur d'emplois et de revenus à de larges franges de la population. Voilà en gros d'où il tient son statut de facteur essentiel à l'équilibre social. Enfin, 22% des internautes pensent que l'informel est un fléau impossible à combattre. Certes, face aux chiffres cités précédemment, l'on appréhende à sa juste valeur «l'extravagance» du problème. Pour sûr, l'on ne peut mettre fin à l'économie informelle de façon brutale. En conséquence, l'insertion de l'informel dans le secteur structuré doit se faire graduellement, tout en douceur.