Vendeurs de glaces, chanteurs occasionnels, gardiens de voitures... En ce mois d'août, la volonté de travailler en plein soleil se fait rare. Pourtant, on voit se multiplier pendant l'été toutes sortes de métiers qu'on appelle «informels» ou «occasionnels», notamment au bord de la mer. Ils sont gardiens de voitures, loueurs de parasols, vendeurs de glaces, beignets, thé ou café, chanteurs ou musiciens occasionnels, voire des personnes qui se proposent de peser la tension artérielle à l'aide d'un tensiomètre (comme à la plage d'El Oualidia). Sans répit ils arpentent nos plages et s'approprient presque les lieux. Des beignets à qui en veut .... «Beignets ! Beignets !». Avec sa voix fatiguée, Ahmed, 23 ans, passe ses journées à la plage à slalomer entre les vacanciers dans l'espoir de vendre son plateau de beignets à 2 dirhams la pièce. «Je n'habite pas loin de Bouznika, cette activité me permet de mieux gagner ma vie pendant l'été. Ce n'est pas le métier de mes rêves. Je commence ma journée vers 11h et je termine généralement à 20h du soir. En fait ma journée s'achève quant il n'y a plus de clients sur la plage. Je préfère travailler samedi et dimanche, les gens sont plus nombreux et la demande est là. En temps normal, je vends de la pâtisserie classique comme les mille-feuilles ou pains au chocolat devant les écoles. Dès que la saison estivale se termine je reprendrai mon activité principale». Chapeau de paille, tongues en plastique en tee-shirt FC-Barcelone, Hamza 12 ans est gardien de voitures dans un parking dans une des plages très fréquentées de Bouznika. Il guette et dirige les voitures entrant au parking avec insistance. «Le payement se fait à l'avance», lance-t-il aux arrivants sur le parking. Certains conducteurs rebroussent chemin tandis que d'autres se trouvent dans l'obligation de garer leur voiture faute d'avoir trouvé une autre place de stationnement. «Je suis au collège mais pendant l'été je préfère aider mon père parce qu'il a une santé précaire. Ce n'est pas facile de rester toute la journée sous le soleil. J'arrive difficilement à m'imposer parmi les autres gardiens. Ils me prennent de haut parce que je suis le plus petit». Dans l'avenir, le petit Hamza confie vouloir être footballeur professionnel comme ses idoles au FC Barcelone. Des chanteurs pas comme les autres ! A Tamaris non loin de Casablanca, deux hommes, la cinquantaine, avec un sourire large, s'approchent des vacanciers sous leurs parasols. Chapeaux de pailles et lunettes de soleil sur le nez, l'un chante tandis que l'autre joue du violon. Il chante du «chaabi» en intégrant avec humour des paroles qu'ils inventent en fonction de la situation, de l'aspect physique ou vestimentaire du vacancier en face d'eux. Certains estivants trouvent ça amusant, d'autres, plus réticents, les prient de les laisser tranquilles. «C'est notre activité toute l'année, on chante dans les souks et pendant l'été on débarque sur les plages», raconte Larbi, le chanteur du tandem. «Chanter au bord de la mer c'est mieux. Les estivants reçoivent plutôt bien notre humour. On fait des allers-retours toute la journée en passant aussi par les restaurants qui donnent sur la plage», explique Larbi. Attentif et prêt à servir les vacanciers dès qu'une main se lève pour lui faire signe, Othmane (25 ans) est, quant à lui, vendeur de café. Muni d'un gros sac au logo d'une marque de café et de verres en plastique, il se dit épuisé mais optimiste pour ce mois d'août. «Les vacanciers sont toujours plus nombreux pendant ce mois. Ce qui me permet de réaliser plus de rentrées d'argent. Pour le reste de l'année, je suis vendeur de toute sorte d'objets : lunettes, portefeuilles, et ceintures». De temps en temps, Othmane s'arrête pour faire une pause ou échanger avec les autres vendeurs de la plage sur le déroulement de leur journée. Le jeune vendeur espère fonder une famille et trouver un travail plus stable. En attendant, sur les plages Othmane fait avec ce qu'il a et tente de se faire plus d'argent.