Août touche à sa fin, tout le monde se précipite en bord de mer et poursuit tel un tournesol les plaisirs du soleil estival. Les pieds dans l'eau, devant l'horizon et sous le soleil, du matin au soir, des vendeurs sillonnent le sable brûlant pour offrir pépites de tournesol, friandises et glaces… Au Maroc, les beignets chauds mais aussi le café épicé se font annoncer de loin par leur odeur fumante pour un goûter à toute heure. Plateau de beignets à la plage Oued Cherrat (côte Atlantique)/ Ph. Mounira Lourhzal - Yabiladi Café épicé et samovar ambulant à la plage de Skhirate. / Ph. Mounira Lourhzal Plage Oued Cherrat, fin de journée des vendeurs de street food. / Ph. Mounira Lourhzal Du lever au coucher du soleil, sur les immenses plages du Royaume, l'estivant trouvera loin des épiceries et des restaurants de quoi satisfaire les faims de loup après une bonne baignade. Après le parking, faute de faire demi-tour et revenir vers la civilisation, la plage n'offre que les paniers et plateaux de provisions que portent des jeunes hommes. Beignet et café sont le gagne-pain de plus d'un sur les plages marocaines. Beignets chauds ! 21 ans, Azzedine vient de Kelaât Es-Sraghna, chaque été vendre des beignets dont il partage la recette avec le boulanger qui le fournit deux fois par jour, en fin de matinée quand la plage commence à se remplir, puis à 16h. Les pieds enfoncés dans le sable, il s'arrête un moment pour parler à Yabiladi. Entre deux parasols, il explique qu'il est à son deuxième plateau. A moitié plein, le jeune homme au teint basané est plutôt pressé : ses beignets sont meilleurs chauds et il a trois ou quatre concurrents. Ce job d'été ne dure que deux mois à peine pour le jeune homme. C'est l'occasion pour lui de mettre ses économies de côté. Le plus dur c'est le sable : «Je marche 7 à 10 km par jour. La plage de Bouznika où nous l'abordons n'est pas la seule qu'il jalonne, il y a aussi Dahomey, Oued Cherrat, bref les plages les plus fréquentées sur la côte Atlantique entre Rabat et Casablanca. Azzedine, poli, s'excuse pour finir son commerce car la plage risque de se clairsemer avec le soleil qui disparaît. Ses beignets feraient mieux de finir dans l'estomac des derniers affamés de la plage plutôt que dans celui des vaches qui mangent les invendus. Le café épicé : La spécialité des plages marocaines Un café ? Car il faut bien accompagner les beignets. Avant même d'entendre le vendeur comme un crieur venant de loin, il y a l'odeur épicée. Les graines de café ne sont que la moitié de la réponse qu'obtiennent les narines. «C'est un café arabe naturel et spécial», explique Younes. Avec son samovar ambulant (une bouilloire rattachée avec des fils en acier à un foyer), casquette sur la tête, il sert dans des gobelets, la boisson brûlante qu'il filtre avant de verser. Le liquide est marron plutôt que noir, le parfum est chargé de gingembre, cannelle, carvi, etc. «Ce sera deux à trois dirhams, selon les bourses… les familles aiment, les jeunes gens aussi, tout le monde apprécie», renchérit le vendeur de café qui n'a pas manqué de planter quelques sucettes dans son panier. Le café qui ressemble à du café turc est délicieux et unique surtout lorsqu'on le déguste devant un beau coucher de soleil, les pieds dans l'eau, sans même se lever. Farniente... à la marocaine !