Victime de sa propre gestion, la Fédération royale marocaine serait en train de traverser une grave crise financière, résultat de quatre ans de gestion provisoire. Aujourd'hui, le comité chargé de la gestion de l'athlétisme a du mal à reconquérir le cœur des sponsors. En optant pour l'image individuelle de nos sportifs de haut niveau, Hicham El Guerrouj et Marouane Chemmakh, même si on aurait aimé voir Méditel sponsoriser plutôt les jeunes, le deuxième opérateur a, non seulement, frappé un grand coup de pub, mais il a aussi grignoté quelques points à l'opérateur historique, Maroc Telecom, grand pourvoyeur des deux disciplines phares du sport national, le foot et l'athlétisme, et ce depuis plusieurs années. Sans oublier le soutien inconditionnel de son patron, Abderrahmane Ahizoune, qui a toujours répondu présent. Coup dur pour les dirigeants de la Fédération royale marocaine de football et la Fédération royale marocaine d'athlétisme. Selon certaines sources, la première, qui savait très bien qu'il y avait un vide juridique puisque Chemmakh n'est pas le premier à signer un contrat de sponsoring personnel car, bien avant lui, Ouaddou avait associé son image à Pepsi, concurrent direct de Coca-Cola et sponsor de la FRMF, Zairi à Flash, Hadji à Attijariwafa Bank et Naybet à Toto Foot, serait en train de revoir sa copie. Mais pour le comité provisoire chargé de la gestion de l'athlétisme, dont le président n'est autre que M'hamed Aouzal, la question de la mise à niveau juridique ne se pose même pas. Car les athlètes ont toujours associé leurs images à une marque qu'elle soit nationale ou internationale, comme El Guerrouj avec «Siemens» ou encore «la vache qui rit». Et si mise à niveau juridique doit y avoir, il faudra commencer par la fédération elle-même. Cela fait maintenant plus de quatre ans que l'athlétisme est géré de manière provisoire. Annoncée à plusieurs reprises par Aouzal, l'assemblée générale de la FRMA tarde à se tenir. Selon une source proche de la fédération, ce report s'explique par le fait que l'instance dirigeante de la chose athlétique a des comptes à rendre, comme la fédération du tennis. D'ailleurs, et à en croire certaines sources, la fédération traverserait une grave crise financière. Crise qui s'est manifestée dernièrement lors de la soirée gala organisée au profit des athlètes qui ont honoré le drapeau national lors des dernières échéances internationales, telles que les Jeux Olympiques d'Athènes et les jeux panarabes d'Alger. Soirée qu'a failli bouder le double champion olympique, Hicham El Guerrouj, en raison des promesses non tenues, 0,6 million de DH au lieu d'un million de DH. Ce n'est qu'après l'intervention de l'homme qui sait tout faire, Aouzal, que ce dernier est revenu sur sa décision. «C'est une question de principes. Ils nous ont donné des promesses, mais ils ne les ont pas tenues», avait-il déclaré dans les coulisses. Mais comment se fait-il qu'une fédération comme celle de l'athlétisme donne des promesses, alors qu'elle est au bord de la faillite ? Il n'y a qu'une seule explication à cela : gagner du temps en attendant que les recettes du sponsoring atterrissent dans les caisses de la fédération. Or, il semble que la FRMA a du mal à conquérir le cœur des sponsors. «Et ils ont raison du moment que la fédération n'a pas cette légitimité», a confié une source. Pris à la gorge, la fédération ne sait plus où mettre les pieds. Crise financière sans précédent, arriérés des athlètes, y compris les invalides, manque de sponsors, autant de problèmes auxquels sont confrontés, aujourd'hui, les responsables de la fédération. Résultat d'une gestion provisoire qui a trop duré.