Annoncée au mois de septembre dernier, parce qu'il y avait la candidature de la ville de Casablanca aux championnats du monde 2009, l'assemblée générale de la FRMA devrait avoir lieu ce mois-ci. S'il y a une fédération considérée comme une bombe à retardement, c'est bien celle de l'athlétisme. « Celui qui prendra les destinées de cette fédération va se casser les dents », a déclaré un responsable, sous couvert de l'anonymat. Allusion faite à la lourde responsabilité qu'attend le successeur de l'inamovible, M'hamed Aouzal. Selon une source bien informée, l'assemblée générale da la Fédération royale marocaine d'Athlétisme, reportée à plusieurs reprises, devrait avoir lieu avant la fin du mois courant. Et si on a accéléré la cadence, c'est parce qu'il y a des raisons quelque part. D'après la même source, c'est le Secrétariat général du secteur des sports qui aurait demandé à la FRMA de tenir son assemblée générale le vite possible pour sortir l'athlétisme d'une gestion provisoire qui a trop duré. Retour à la légitimité, après quatre ans d'illégitimité, élection d'un nouveau président et d'un nouveau bureau, tels seront les grands axes de cette assemblée, tant attendue. Et ce sera tout. Il n'y aura ni rapport moral, ni rapport financier du moment que Aouzal et compagnie ne sont pas considérés comme des élus, mais ont été désignés par le ministère de tutelle après dissolution, pour des raisons inexplicables, de l'ancien bureau, selon l'article 22 de la loi sur l'éducation physique, et ce juste après les Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Pas de comptes à rendre, mais de l'impunité. «Le comité provisoire n'a rien à se reprocher. Il n'est pas tenu de rendre des comptes», fait remarquer notre source. C'est, donc, quatre ans d'exercice, avec tout l'argent qui a été dépensé par ci et par là, qui sont partis en fumée. Une impunité dont le principal responsable est le ministère de tutelle. Car, pendant quatre ans, période durant laquelle deux ministres se sont succédé à ce portefeuille, Saâf et El Malki, aucun responsable politique n'a pris l'initiative de faire un remue-- ménage pour sortir l'athlétisme de sa crise. Au contraire, pendant tous ces ans, l'athlétisme a été livré à lui-même. Certes, nos responsables répondaient présents de temps à autre, mais, souvent, après les exploits… pour prendre des photos. Si on est arrivé aujourd'hui là, gestion désastreuse et système aux contours pas très bien définis, c'est parce que le comité provisoire a toujours été cautionné par un ministère de tutelle, censé donner l'exemple en faisant respecter la loi. Résultat : de plus en plus d'athlètes, ivres de promesses non tenues, quittent clandestinement le pays ou optent carrément pour la naturalisation pour assurer un avenir meilleur. C'est le cas, entre autres, de l'athlète marocain Ismail Sghir, naturalisé français. Pour la première fois dans les annales du sport marocain, un athlète marocain, après avoir beaucoup donné à son pays, compte intenter une action en justice contre l'ex-fédération, pour l'avoir lésé durant des années. Affaire de sous, mais aussi de dignité. Et il n'y a pas que les athlètes qui en ont ral-le-bol. Certains responsables aussi. Las, l'un d'entre eux a menacé, dernièrement, de démissionner de son poste si la FRMA ne revient pas à la légalité. Jamais l'image de l'athlétisme marocain n'a été aussi ternie. En dépit de tout cela, nos athlètes, Hicham El Guerrouj, Nezha Bidouane, Brahim Boulami, Hasna Benhassi, pour ne citer que ces derniers, continuent de représenter dignement les couleurs nationales dans les grands rendez-vous internationaux, faisant, aujourd'hui, du Maroc l'une des grandes nations de cette discipline. L'athlétisme marocain n'existe aujourd'hui que par la volonté, la détermination et la rage de vaincre de nos grands champions. L'exemple le plus significatif : le double champion olympique, Hicham El Guerrouj. Chose que l'IAAF n'arrive pas à concevoir. Elle qui compte parmi ses membres, un grand nom de l'athlétisme féminin, Nawal El Moutawakil, première femme arabe et musulmane à décrocher une médaille d'or olympique. La première aussi à faire partie de la commission d'inspection chargée de visiter les villes candidates aux prochains jeux olympiques de 2012.