Depuis près d'un an, l'athlétisme national est géré par un comité provisoire. Il a fallu attendre la semaine dernière pour que la date de l'assemblée générale soit fixée. Depuis le départ de Mohamed Mediouri, poussé à la sortie par l'article 22 de la loi sur l'éducation et le sport, la Fédération royale marocaine d'athlétisme (FRMA) vit toujours sous la perfusion du temporaire. Sa dissolution, bien avant les Jeux olympiques de Sydney, a permis au comité provisoire de s'installer confortablement dans la gestion durable. Comme le football, le cyclisme et autres disciplines, les gestionnaires de la pseudo FRMA ignorent totalement l'article stipulant que le comité provisoire ne doit pas dépasser plus de six mois. Au terme de ce délai, une assemblée générale devrait être provoquée pour que les dirigeants des clubs puissent élire démocratiquement le nouveau bureau fédéral. Rien ne fut respecté et depuis le début tout a été contesté, y compris la composition du comité provisoire sur lequel trône l'inévitable Mohamed Aouzal. Le choix de ce dernier à la veille des J.O de Sydney a surpris plus d'un, sachant qu'il cumulait déjà beaucoup de fonctions en football : président du GNF, vice -président de la FRMF et président du comité directeur du Raja. Excusez du peu ! Dans le cercle très conservateur de l'athlétisme, nombreux sont ceux qui ne voient pas d'un bon œil l'intrusion d'un dirigeant de football dans leur milieu. Du coup, le tollé fut presque général quand, après les J.O, le comité provisoire avait «reporté » une assemblée générale dont il avait, lui-même, fixé la date. En fait, et comme nous l'avait déclaré Aouita à l'époque, ces assises furent tout simplement annulées pour préserver les chances d'un certain président désigné d'office. En effet, quelques jours avant la date de l'A.G, un quotidien auquel on a soufflé sciemment le scoop a titré en manchettes qu'un tel sera certainement le président de la FRMA. Comme cela, les dès sont pipés sans aucune élection. Nombreuses sont les voix qui se sont élevées pour récuser le fait accompli et c'est Said Aouita qui réussira à saborder la supercherie du président désigné d'avance en se déplaçant spécialement des Etats-Unis où il résidait depuis des années. Le quadruple recordman du monde ne mâchera pas ses mots : « Il n'est plus question qu'on nous impose un président qui ne vient de nulle part et je combattrai de toutes mes forces tout ce qui n'est pas démocratique. Les gens de l'athlétisme sont assez matures pour élire les membres de leur bureau fédéral encore faut-il que les dirigeants du football aillent s'occuper de leur terrain au lieu de venir semer la zizanie sur nos pistes. D'ailleurs pour couper court à toutes les velléités malveillantes de ces gens, j'ai décidé de me porter candidat à la présidence de la fédération. » La réaction virulente de Said Aouita, bien épaulé par certains dirigeants de clubs, a fini par dissuader les partisans de la manière forte qui n'ont pas hésité à faire des pressions pas du tout catholiques sur certains présidents de clubs. Et comme le quorum de l'illégalité n'a pas été atteint, ses défenseurs ont maintenu le statu quo profitant de la pause imposée par les championnats du monde d'Edmonton. Depuis, c'est le calme plat. Personne n'ose prononcer le mot «assemblée générale», même le ministère de la Jeunesse et des sports qui se complait dans son rôle de suivisme et non pas de décideur. Il a fallu du temps pour que le comité provisoire sorte de son silence et décide de se réunir avec les dirigeants de ligues la semaine dernière. Une réunion qui a accouché d'une commission chargée de préparer l'assemblée générale prévue avant la fin de l'année. Encore une commission ! Espérons qu'elle sera la dernière.