Entretien. La championne olympique, Nawal Al Moutawakkil sort de sa réserve et dresse un bilan négative de la gestion provisoire de l'athlétisme national. Aujourd'hui le Maroc : sur les pages d'un site Internet, on fait un sondage sur votre candidature à la présidence de la fédération d'athlétisme. Êtes-vous partante? Nawal Al Moutawakkil : Il me semble qu'il est prématuré de parler de ma candidature aujourd'hui tant que la structure principale de l'athlétisme national est en veilleuse prolongée. Ceci étant j'existe donc je pourrais être partante. Mais il faut attendre que le ciel puisse s'éclaircir pour que je j'aie plus de visibilité afin de me prononcer sur ce sujet. Au fait, quand l'athlétisme national sortira du provisoire ? La communication est une bonne thérapie, mais malheureusement le comité provisoire de la FRMA semble se complaire dans un mutisme assourdissant. Depuis qu'il a annoncé une assemblée générale pour le 21 juin dernier, ce comité qui a dépassé le temps qui lui est imparti, n'a plus fixé aucune autre date. De ce fait, tout baigne dans le flou et les clubs et les ligues sont livrés à eux-mêmes dans une ambiance de débandade totale. La fédération internationale ne verra pas d'un bon œil ce non-respect de ses règlements par la FRMA ? En tous les cas, notre fédération risque de perdre de sa crédibilité vis-à-vis de l'IAAF puisqu'elle se retrouve avec des marges de manœuvres très rétrécies. D'autant plus que la puissance de l'athlétisme national a baissé de quelques tours de piste en passant de la cinquième à la huitième place mondiale. L'athlétisme moderne exige une gestion sur deux fronts, celui de la fédération vis-à-vis de ses composantes (clubs, ligues et athlètes d'élite) mais aussi envers les instances internationales. Malheureusement certains membres du comité provisoire s'érigent en donneurs de leçons et rechignent à les appliquer dans leur gestion quotidienne de l'athlétisme national. J'ai milité pendant des années en silence, mais je ne comprendrais jamais pourquoi le comité provisoire a boycotté la quatrième édition de la course féminine pourtant organisée sous le haut patronage de SAR la Princesse Lalla Meryeme et honorée par la présence effective de SAR le Prince Moulay Rachid. Vous semblez dresser un tableau négatif de la gestion du comité provisoire ? Il faut se rendre à l'évidence et clamer la vérité crue, la fédération d'athlétisme est aujourd'hui un cadeau empoisonné pour celui ou ceux qui veulent la diriger. Le comité provisoire était chargé de faire l'audit de sept ans de gestion. Or, jusqu'à ce jour personne n'en connaît les conclusions. On ne peut pas se hasarder à prendre les rênes d'une fédération qui a brassé des milliards de centimes sans qu'on ne sache où ils ont été dépensés. Il faut disposer d'une base de données pour pouvoir faire l'état des lieux et se projeter sur l'avenir. Ce flou s'ajoute à celui de l'indifférence dans laquelle sont mis les clubs et les ligues qui manquent d'informations, de moyens financiers, d'infrastructures et d'encadreurs techniques. L'athlétisme mondial s'est modernisé et le nôtre n'arrive pas à lui emboîter le pas, c'est pour cela que l'on continue à nous taxer de « fédération de coureurs». Que comptez-vous entreprendre pour révolutionner ce système archaïque ? D'abord je ne prétends pas pouvoir le faire toute seule car il existe au Maroc de jeunes compétences qui ont été longuement marginalisées. Je vous donne comme exemple du comité d'organisation du «Marathon de Casablanca» qui est composé de jeunes pleins de dynamisme et d'esprit d'initiative. Chose qui a suscité l'adhésion du wali, Driss Benhima, qui nous a offert un siège avec une formidable logistique. Il faut gérer le sport en général et l'athlétisme en particulier avec des méthodes scientifiques et rationnelles dont seuls sont capables les jeunes et non pas avec les méthodes archaïques des années 50 et 60.