Selon le Haut Commissariat au Plan, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) prévu pour l'année 2005 devrait atteindre difficilement 2,6 %, tandis que le déficit budgétaire s'enfonce à environ 3,9 % du PIB. La situation est grave. Les chiffres du département de M. Lahlimi pour l'année 2005 sont particulièrement alarmants. Le premier trimestre devra connaître une croissance marquée par un retournement à la baisse de 4,2 % de l'économie primaire. Le HCP attribue cette baisse « à l'anticipation d'une campagne céréalière légèrement inférieure à la moyenne." Pis, le déroulement récent de la campagne agricole s'inscrit dans une tendance peu favorable à la réalisation d'une production agricole moyenne, retenue pour l'élaboration des prévisions. Une situation qui fait dire au HCP que « l'évolution de 2,6 % du PIB est, en conséquence, susceptible d'une révision à la baisse ». Jusqu'à quel niveau ? Le HCP se montre prudent : "Il serait difficile de se prononcer dans l'immédiat sur l'ampleur de cette révision. D'éventuelles précipitations, dans les jours qui suivent, pourraient atténuer l'intensité de la baisse ainsi anticipée". Mais cette tendance à la baisse se manifeste également sur l'évolution des secteurs hors agriculture qui se poursuivrait selon le HCP à un rythme relativement moyen de 3 %. À ce rythme, la croissance du PIB devrait se situer, au premier trimestre 2005, aux alentours de 1,9 %. Sur le plan sectoriel, le HCP prédit un certain relâchement pour les mines, et ceci en réaction au ralentissement attendu de la demande en fertilisants, engendré par les prémices d'une consolidation des stocks mondiaux de blé. Le secteur énergétique serait marqué par une décélération de l'activité avec le retour à la normale de la production des unités de raffinage. L'industrie pourrait connaître, au début de l'année, un retournement à la baisse du rythme de croissance des exportations de la confection et de la bonneterie, avec la fin de l'accord multifibres. Une grande incertitude règne quant à l'évolution du secteur du Bâtiment et Travaux publics (BTP). Selon le HCP, celle-ci serait tributaire du rythme d'exécution des programmes d'habitat social et des travaux d'infrastructures de base. La courbe descendante devra toucher également la consommation des ménages pour l'ensemble de l'année 2005, suite à un repli de l'offre des produits primaires. La hausse de la consommation privée, pour l'ensemble de l'année, pourrait s'établir à 4,5 % environ. Concernant l'évolution de la consommation publique, estimée à 5,3 % pour l'année 2005, elle reste tributaire de l'effet compensatoire entre la revalorisation des salaires de certaines catégories de fonctionnaires et l'intensité des départs volontaires à la retraite. Concernant le volet des échanges commerciaux avec l'étranger, la flambée des cours du pétrole et des matières premières sera à l'origine d'un net ralentissement du commerce mondial et la demande étrangère adressée au Maroc. Les perspectives pour l'année 2005 indiquent un creusement du déficit budgétaire, estimé à environ 3,9% du PIB. Cette évolution est due, selon le HCP, à une stabilité de la tendance des recettes fiscales et à la hausse des charges de fonctionnement, notamment les revalorisations des salaires de la fonction publique. Seuls deux indicateurs devraient conforter le présent schéma. Il s'agit, d'une part, de la tendance baissière du dollar par rapport au dirham qui tend à atténuer l'impact du renchérissement des importations sur le solde commercial. D'autre part, une confirmation plus prononcée de la reprise des activités touristiques, enregistrée en 2004, est de nature à conforter les entrées de devises et à contribuer à redynamiser l'économie dans son ensemble. Peu convaincant.