D'après des documents récemment saisis par la police, l'organisation séparatiste basque préparait l'évasion de plusieurs militants d'une prison parisienne et l'assassinat d'un juge antiterroriste français. L'affaire a été jugée «très sérieuse» par la police judiciaire française. Et pour cause! ETA envisageait tout simplement d'assassiner la juge antiterroriste parisienne Laurence Le Vert. Des documents retrouvés fin décembre dans un logement utilisé par Ibon Fernandez Iradi, un chef de l'organisation basque qui s'est évadé le 22 décembre du commissariat de Bayonne (sud-ouest), montrent en effet qu'ETA a effectué des repérages sur la magistrate. Ses horaires, ses habitudes mais aussi le nom des officiers chargés de sa sécurité y sont mentionnés. « C'est un repérage assez précis. S'il est aussi précis, on peut penser que ce n'était pas pour apporter des fleurs à la juge », a estimé mercredi un porte-parole de la police judiciaire. Ces documents rédigés en basque décrivent aussi un possible mode opératoire pour l'exécution de la juge : un premier groupe aurait bloqué la voiture de Laurence Le Vert, et une seconde équipe à moto aurait alors surgi pour faire feu sur la juge. Cette dernière, qui traite les dossiers relatifs à ETA au sein du « pool » antiterroriste regroupant quatre juges d'instruction à Paris, est, d'ailleurs, depuis des années dans le collimateur des séparatistes, tout comme Irène Stoller, chef du parquet antiterroriste jusqu'en 2000. Par ailleurs, six membres présumés d'ETA détenus à La Santé (Paris) ont été transférés, la semaine dernière, vers trois prisons après un projet d'évasion déjoué le 2 janvier. Parmi eux se trouvent Asier Oyarzabal Txapartegui, ex-chef logistique d'ETA arrêté près de Dax (sud-ouest) le 23 septembre 2001, et Angel Otxoantesana Badiola, alias « Kirru », un membre historique d'ETA interpellé à Biarritz (sud-ouest), le 26 août 2002. Leur tentative d'évasion a été avortée grâce à l'interception d'un message entre deux prisonniers faisant état d'une évasion par explosifs. Des complices devaient faire exploser le mur d'enceinte de la maison d'arrêt tandis qu'un mur intérieur devait être détruit à l'aide de plastic qui serait introduit dans la prison.