Les opérateurs marocains sont pour la création immédiate et sans conditions de la zone de libre-échange maghrébine. Ils ambitionnent sa mise sur les rails d'ici 2005. Explications avec Zakia Sekkate, co-présidente du Conseil d'affaires maroco-tunisien, chargé de ce projet. Le sommet de l'UMA qui s'est tenu dernièrement à Alger n'a rien apporté de neuf. Aucun résultat tangible n'a été enregistré. Pis, aucune formule pour traiter les différends qui existent entre les différents pays n'a été trouvée… En tout cas sur le plan politique. Concernant le volet économique, le son de cloche est tout autre. Les opérateurs continuent leur travail. L'impérative de la mise en place d'une zone de libre-échange entre les différents pays de la région, n'est plus àdémontrer. Ceci, les professionnels le savent très bien et ils mettent tout en œuvre pour accélérer la cadence. Actuellement, les rapports économiques entre les pays maghrébins ne dépassent guère 3% par rapport au volume de leurs échanges avec l'Europe qui les incite à se regrouper de manière à avoir affaire à un seul interlocuteur. De plus, le Maghreb représentera, d'ici peu, un marché grand de pas moins de 100 millions de consommateurs. Consensus politique ou pas, les opérateurs économiques feront en sorte qu'un tel bloque verra le jour. Qui sait ? La création d'un ensemble économique susceptible de faire face aux autres groupements constituera peut-être une plate-forme d'entente en l'absence d'une union politique. C'est en tout cas le sentiment qui anime les opérateurs économiques marocains. Ces derniers ont, d'ailleurs, insisté, lors d'une rencontre organisée par la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), sur l'urgence de la mise en place de la Zone de libre-échange maghrébine. L'ensemble des représentants du tissu productif national qui ont pris part à cette réunion, tenue le vendredi 3 janvier à Casablanca, ont insisté sur la nécessité de la mise en place de cette zone « immédiatement et sans conditions ». On est donc loin des réticences qui ont présidé la signature des accords bilatéraux entre les différents pays de la région. « Les impératives de développement et de bien être des habitants de la région sont de nature à fléchir les positions des politiques qui retardent toutes les échéances. Nous perdons beaucoup de temps », insiste Zakia Sekkate, coprésidente du Conseil d'affaires maroco-tunisien, chargé du dossier de la zone de libre-échange. « Chaque économie de la région est en train de s'asphyxier dans la limite de ses frontières alors qu'elle a la possibilité d'étendre son marché immédiatement », ajoute-t-elle. Pour elle, il faut saisir l'opportunité tant que l'ensemble des sensibilités affichent leur ferme volonté de mener ce projet à son terme. Les bases existent déjà, notamment l'accord de la ligue arabe et celui quadrilatéral entre le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie qui sont en cours de finalisation. De plus, des accords bilatéraux sont conclus avec les différents pays de l'UMA à l'exception de celui déjà signé entre le Maroc et l'Algérie en 1992 et bloqué en 1994. Ainsi, l'accord avec la Tunisie prévoit un démantèlement total d'ici 2007 dans le cas de la Ligue arabe, la date qui a été retenue c'est 2005. Les opérateurs ambitionnent sur la mise sur les rails du projet économique maghrébin également vers cette date-là. Des obstacles restent à aplanir. Notamment concernant la volonté affichée de certains pays à protéger certains secteurs et les difficultés se rapportant à la règle d'origine. En tout cas les réunions vont bon train au niveau des différents pays du futur bloc. C'est dans ce cadre que s'inscrit la rencontre de Casablanca, organisée par la CGEM.