Malgré la mise en place des commissions sectorielles en 2004, pour surveiller certains produits importés au Maroc, la sous-facturation sévit toujours. La métallurgie est directement concernée. La mise en place des prix d'alerte, l'année dernière n'a pas suffi à enrayer la sous-facturation. Les industriels de la métallurgie, qui ont adressé des réclamations à la Douane et au ministère de l'Industrie, sont particulièrement touchés. Les produits chinois vendus sur le marché marocain coûtent moins cher que la matière première cotée à l'international. Le Maroc exporte annuellement 5.000 tonnes de laiton à 12 dirhams le kilogramme, explique Adnane Lamdouar, président directeur général de de Brass Co-Sa, une entreprise industrielle basée à Skhirat. « Dans l'autre sens, poursuit-il, ces produits finis d'origine chinoise, à base de laiton, qui ont passé par différents processus, avec ce que cela implique comme coûts de la main-d'œuvre et de l'énergie, sont vendus au Maroc à seulement 6 dirhams le kilo». Pareils cas se recensent par dizaines dans la quincaillerie et les ustensiles de cuisine. Les raccords de robinetterie et de plomberie fabriqués au Maroc payent les pots cassés. Les articles de ménage en acier inoxydable sont vendus à moins de 15 dirhams le kilogramme, alors que l'acier est coté depuis 2 000 à plus de 25 dirhams le kilo dans le marché mondial. Les cours de cette denrée ont même dépassé les 30 dirhams avec la surchauffe causée par la demande chinoise. «Nous sommes très loin du dumping, précise M. Lamdouar, la sous-facturation permet aux importateurs d'éviter de payer les droits de douanes». Où sont, s'interroge un industriel, les fameux comités sectoriels et les dispositions mises en place pour les textiles, les pièces de rechange, la biscuiterie, les briquets et l'agro-industrie ? Concernant ce dernier secteur, l'agro-industrie, les dommages sont moindres. Pour Hakim Marrakchi de Maghreb Industries, la sous-facturation a été atténuée par la baisse des droits de douane avec certains pays. «La chocolaterie, le shwing um et les biscuits fabriqués au Maroc souffrent beaucoup plus des coûts d'intrants, plus élevés au Maroc qu'aux Emirats arabes unis, signataire d'un accord de libre-échange avec le Maroc. «Ce sont les surcoûts que nous payons sur la matière première, à savoir le lait, le sucre et le maïs marocains, beaucoup plus chers au Maroc qu'à l'étranger, qui nous handicapent face à la concurrence. L'agro-industrie d'origine asiatique ne constitue pas encore ici la première préoccupation. Pourtant en 2003, le secteur imputait une perte de 35% de son chiffre d'affaires à la sous-facturation, soit d'après un membre de l'Asmex, une marge d'investissements de 10%. Dans l'industrie de la plasturgie, on pointe du doigt aussi des articles chinois. Vendue à 2,24 dirhams au Maroc, après acquittement des droits de douane (théoriquement à 90%), coûts de logistique et transport et coûts de production, la sandale chinoise est plus compétitive que sa consœur marocaine qui ne peut être vendue à moins de 10 dirhams. Les plasturgistes avaient, eux aussi, adressé une série de revendications, mais sans grand succès.