Dimanche, le président Chavez s'est encore une fois montré déterminé à mater une opposition vénézuélienne toujours aussi mobilisée en cette troisième semaine de grève générale. Non, non et non, le dirigeant vénézuélien ne cèdera pas à la pression de la rue qui réclame son départ depuis déjà deux semaines. Hugo Chavez a au contraire lancé une nouvelle riposte contre l'opposition et les grévistes du secteur pétrolier, en promettant de venir à bout de la crise. Le président vénézuélien a d'abord frappé sur le volet économique en annonçant la reprise des exportations de pétrole, gelées depuis plusieurs jours, de même que l'importation de fioul pour parer à toute pénurie. «L'Etat est déterminé à prendre toutes les mesures dans le cadre de la constitution et des lois» contre une grève qui constitue un «plan de sabotage» et de «blocus» de l'économie, a souligné M. Chavez au cours de l'émission télévisée, «Allo président», qu'il anime chaque dimanche pendant cinq heures et demie ! Et l'ancien lieutenant-colonel d'ajouter que les grévistes représentent une «cinquième colonne de fascistes et de putschistes» portant atteinte aux intérêts nationaux et opposés à «un gouvernement élu légitimement par le peuple par deux fois », il y a quatre et deux ans. Reste que le chef d'Etat, élu en 1998 après avoir été lui-même à la tête d'un coup d'Etat militaire manqué en 1993, semble vouloir écraser à tout prix. Il a même demandé dimanche à son armée de ne pas prendre en considération les décisions de juges qui iraient à l'encontre de ses propres décrets destinés à reprendre le contrôle de l'industrie pétrolière. Un juge s'était en effet la semaine dernière opposé à toute intervention militaire sur le pétrolier «Pilin leon», immobilisé par son équipage dans le lac de Maracaibo, à 500 km à l'ouest de Caracas. Ce qui n'a pas empêché dimanche les militaires de reprendre le navire. Ces décisions autoritaires destinées à impressionner le mouvement des protestataires ont au contraire amplifié la colère de ces derniers qui ont qualifié dimanche le président de «dictateur». «Vous n'êtes pas un démocrate, vous êtes un dictateur (...), vous êtes le premier responsable de l'affrontement verbal et physique entre des millions de Vénézuéliens», a ainsi déclaré Carlos Fernandez, président de la Fédération patronale «Fedecamaras», en s'adressant à Hugo Chavez. «Aujourd'hui le régime chaviste reste aussi sourd et aveugle que dans le passé. La seule chose que vous voulez c'est la confrontation» a également lancé Carlos Ortega, leader de la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV). Mobilisée depuis le 2 décembre, l'opposition rassemblant CTV , Fedecamaras, mais aussi la Coordination démocratique (CD), reste donc déterminée à obtenir la démission du chef de l'Etat. Engagée dans une épreuve de force contre le pouvoir, elle affirme que le mouvement durera jusqu'à l'organisation d'élections anticipées et la démission du président. Malgré quelques divergences de fond entre les courants de gauche et de droite qui le composent, le mouvement continue de bloquer le secteur stratégique du pétrole et de rassembler les mécontents par centaines de milliers, comme c'était encore le cas samedi à Caracas. Visiblement déterminé, le dirigeant pourra-t-il toutefois éviter que le scénario d'avril dernier se répète ? A cette époque, une junte civilo-militaire dirigée par «le patron des patrons» du pays, Pedro Carmona, avait pris brièvement le pouvoir... à l'issue de trois jours de grève générale et de manifestations.