Témoin de l'âge d'or de l'art théâtral au Maroc Les Tétouanais suivent avec inquiétude et grand mécontentement la détérioration de l'ancien théâtre national, situé en plein centre-ville, en raison de l'effondrement dernièrement d'une partie de l'intérieur de cet édifice, dont les locaux sont fermés depuis plus d'une trentaine d'années au public. Ayant provoqué un grand bruit, cet incident -qui n'a pas heureusement fait de victimes- a déclenché la panique chez les riverains. Pour calmer les esprits, les autorités locales ont procédé, en plus de quelques mesures prises pour assurer la sécurité des passants, à l'annonce d'un projet de réhabilitation des locaux de cet édifice, qui date de plus d'une centaine d'années. Selon Larbi Mesbahi, conservateur régional du patrimoine de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, le projet de réhabilitation de l'ancien théâtre, dont toutes les études ont été bel et bien achevées, devrait être lancé au début de l'année 2018 et pour pouvoir entrer en service au cours du premier trimestre de 2019. La dernière phase, précédant la mise en chantier de ce projet, a permis dernièrement de connaître «l'entreprise désignée comme adjudicataire du marché. Le ministère a déjà procédé à l'affectation d'un budget dédié à la réalisation de ce projet», a-t-il souligné. Outre les locaux de l'ancien théâtre, ce projet permettra aussi de sauver de la déperdition les archives dont continue de disposer le site, mais qui sont dans un état de délabrement très avancé. Surtout qu'elles représentent la mémoire historique et culturelle de la ville. Créé plus précisément en 1914 au quartier Mssalla Kadima, cet établissement -qui a continué jusqu'aux années 30 à porter le nom du «théâtre Victoria»- témoigne de l'âge d'or de l'art théâtral au Maroc. Et la constante dégradation de ce monument constitue parmi d'autres sites historiques un coup dur pour les Tétouanais. D'autant plus que l'ancien théâtre a vu jouer sur scène de grands noms marocains et étrangers ayant marqué de leur empreinte cet art. Il est à rappeler que la Colombe blanche compte un certain nombre d'anciens sites culturels et artistiques, créés dans les années 20, voire avant cette date, dont l'Institut national des beaux-arts de Tétouan et le cinéma Espagnol qui ont, tous deux, bénéficié des projets de réhabilitation de leurs locaux. Concernant ce dernier établissement, plus connu des Tétouanais par le teatro español, celui-ci a été complètement rénové en 2000, tout en gardant toujours son ancienne architecture héritée du temps du protectorat espagnol. Il est destiné, depuis et grâce à sa grande capacité d'accueil de quelque 825 places, à abriter de grands événements organisés dans la ville, dont une partie des travaux du Festival international du cinéma méditerranéen (FICM) de Tétouan.