En attendant leur entrée officielle dans l'écosystème de la finance participative Le débat autour de l'assurance Takaful se poursuit. L'absence de ce dispositif dans l'écosystème de la finance participative interpelle les opérateurs. Les banques agréées ont commencé à ouvrir des comptes et commercialiser des produits sans pour autant attendre l'entrée en vigueur de ce nouveau modèle d'assurance participative. Un pas qui risquerait de freiner l'élan de leur activité. Et pourtant le rôle de Takaful ne se limite pas à borner les risques de la banque ou encore du demandeur de financement. Takaful est un état d'esprit, un écosystème complet qui devrait répondre aux besoins de couverture sociale en termes de maladie et d'invalidité et également en termes d'investissements et d'épargne. C'est cet aspect polyvalent que les participants à la rencontre de la Chambre de commerce britannique au Maroc (Brticham) autour des spécificités et défis de la finance participative ont tenu à définir. Intervenant lors de ce débat organisé, mardi 19 décembre à Casablanca, en partenariat avec le Club CAM Trade du Crédit Agricole, Koudama Zeroual, directeur général du projet assurance Takaful chez Wafa Assurance, a mis l'accent sur le potentiel existant. Le secteur de l'assurance connaît actuellement un taux de pénétration de 3,5%. Un pourcentage qui pourrait se consolider avec la commercialisation des produits liés à Takaful, permettant ainsi aux opérateurs de conquérir de nouvelles parts de marché pour des personnes qui jusque-là n'ont pas été assurées pour des raisons de conviction, de pouvoir d'achat ou d'adaptation de produits à leurs besoins. «Takaful, tout comme l'assurance conventionnelle, a un rôle important à jouer dans l'inclusion financière. Pour pouvoir toucher une large population, nous sommes dans l'obligation de renforcer l'effort de vulgarisation et de simplification du produit», relève-t-on de Koudama Zaroual. En effet, réussir l'adéquation entre le produit Takaful et le besoin de la clientèle est un important défi à relever. Cette adéquation est également considérée comme étant un gage de pérennité de l'assurance Takaful au niveau national. Pour ce faire, le Maroc devrait s'inspirer des avancées enregistrées dans les 75 pays où opèrent les 300 compagnies Takaful du monde. Le flou persiste quant à la date de lancement de l'écosystème Takaful au Maroc et du modèle de gestion qui lui sera approprié. L'attente se fait également longue pour les émetteurs potentiels des Sukuks. La première émission, prévue pour septembre 2017, a été reportée pour une date encore définie. Et pour cause, le dispositif réglementaire est en cours de révision de sorte à pouvoir émettre différentes catégories de certificats outre les certificats Ijara d'ores et déjà autorisés dans le cadre de la loi relative à la titrisation. Le projet de loi n°69-17 déposé au Parlement en novembre dernier prévoit l'émission des certificats de Sukuk de financement (Mourabaha, Salam et Istisnaa), des certificats de Sukuk Ijara, des certificats de Sukuk d'investissement (Moudaraba, Wakala et Moucharaka) et des certificats de Sukuk de portefeuille d'investissement. «Nous mettons aujourd'hui un financement au-delà de la titrisation. Un financement à la fois structuré, complet et participatif que cela soit en termes de financement ou d'investissement. C'est très important pour la suite parce que si l'on se limitait à Sukuk Ijara nous n'irions pas très loin», explique dans ce sens Houda Chafil, directrice générale de Maghreb Titrisation. Le potentiel d'investissement est estimé à ce jour à 46 milliards de dirhams, montrant l'importance de l'univers des Sukuk. Les certificats de Sukuk se veulent, en effet, un pilier important pour l'ensemble de l'écosystème de la finance participative aussi bien pour les banques que pour les compagnies Takaful et les véhicules de placement participatif. Le processus de mise en place d'une émission de certificats de Sukuk passe par trois phases. La première porte sur la proposition d'une structure financière, juridique et «charia» de l'opération en collaboration avec les conseillers juridiques et l'organisme de placement ainsi que sur l'élaboration des documents transactionnels de l'opération et de la présentation du projet de structure à l'Autorité marocaine des marchés des capitaux (AMMC) et au Comité charia et de l'obtention des autorisations nécessaires. La deuxième étape consiste en l'élaboration de la stratégie de placement des certificats de Sukuk à émettre et leur placement. La dernière phase s'articule autour de la création juridique du fonds de placement collectifs en titrisation, sa gestion conformément à son règlement de gestion ainsi que sa liquidation à son échéance.