Les délégués du mouvement kabyle ont immédiatement répliqué mardi à l'interdiction brutale de leur marche à Alger par les autorités. «Nous ne nous laisserons pas faire», ont-ils répété. Dure journée anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme pour les Kabyles qui avaient prévu mardi de manifester dans la capitale algérienne. Leur destination : le siège de l'ONU. Leur message : libérer leurs représentants détenus dans les différentes localités kabyles depuis la relance de leur mouvement en mars dernier. Outre l'application de leurs revendications rassemblées dans la plate-forme d'El-Kseur, les Kabyles entendaient ce jour-là interpeller les représentants onusiens du pays sur la grève de la faim entamée la semaine dernière par certains de leurs délégués dans les geôles algériennes. Mais voilà ce mardi, un dispositif impressionnant -«disproportionné» diront les Aârouchs- attendait les manifestants aux portes de la capitale. Barrages et contrôles sur les axes routiers partant des villes kabyles vers Alger ont tenté de limiter l'arrivée des protestataires, dont la marche était interdite. La presse rapportait mercredi que de nombreux véhicules avaient été bloqués à la limite de Bouira et à Nacéria (Boumerdès) et contraints de rebrousser chemin. Certains d'entre eux ont cependant réussi à s'infiltrer, rencontrant sur leur lieu de rassemblement, la place du 1er Mai en plein centre, un important dispositif sécuritaire. Une cinquantaine de personnes ont alors été interpellées, la plupart par des policiers en civil. Ce qu'ont dénoncé par la suite les délégués du mouvement, tout comme « le recours à la brutalité pour empêcher une action pacifique ». Le Comité des citoyens pour la défense de la République (CCDR) a dénoncé l'interpellation d'un de ses membres et l'attitude violente envers le secrétaire général, Abdelhak Bererhi, ancien ministre, et d'un autre responsable du comité. Selon les délégués, «de nombreux parents de martyrs et des femmes» se trouvaient aussi parmi les interpellés, ce qui traduit, ont-ils dit, «une volonté de faire taire toute forme de revendication démocratique». Le Matin racontait quant à lui que le père de Guermah Massinissa, ce lycéen de Béni Douala dont la mort dans un poste de gendarmerie a déclenché les évènements de Kabylie, avait «été lui aussi rudoyé par les forces anti-émeutes». «Alors qu'il tentait de leur résister, M. Guermah a été attrapé par cinq personnes et traîné vers une voiture de police tandis qu'il hurlait Vive l'Algérie !» écrivait le quotidien. Mardi, les représentants kabyles ont quant à eux estimé que leurs revendications étaient de «dimension nationale» et ne concernaient pas uniquement une région. Selon Le Matin, le mouvement se préparait d'ailleurs à une nouvelle «offensive en organisant ce (jeudi) 12 décembre un conclave de l'inter-wilayas pour faire le bilan de cette interdiction et retenir des actions pour faire aboutir l'exigence de la satisfaction de la plate-forme d'El Kseur et la libération inconditionnelle des détenus ». Ce même mouvement avait d'ailleurs prévu que les autorités ne le laisseraient pas manifester et remettre sa lettre d'interpellation au représentant onusien à Alger, «sur la violation des droits de l'Homme, les arrestations et autres exactions auxquelles sont soumis les délégués ces derniers mois». La coordination Aârouchs avait adressé dès dimanche une «lettre préventive» au siège de l'instance internationale en lui demandnt d'intervenir auprès des autorités «afin de permettre l'aboutissement de (son) action»...