Après 14 mois de crise entre Madrid et Rabat, le temps est à l'apaisement et au renouement du dialogue. Voire au déblocage. Mais sur quelles bases ? Le Maroc et l'Espagne sont deux pays voisins. On ne choisit pas ses voisins. Mais l'un comme l'autre est condamné à s'entendre. Comment, dès lors, parvenir à des relations normales et à regarder l'avenir avec plus d'espoir, de concorde et d'entraide mutuelle, sans tomber dans les pièges des accusations mutuelles, fondées ou non ? Me Mohamed Ziane, président du Parti marocain libéral, n'y va pas par quatre chemins. «Il faudra, d'abord, que les deux parties déterminent, sans passion, les points de divergences et expriment la volonté de chercher dans la sérénité les solutions appropriées». Les différends sont connus et chacun pourra apporter sa «part au déblocage». Comment? «Au niveau de la question territoriale du Maroc, l'Espagne doit faire une déclaration dans laquelle elle n'épargnera aucun effort pour mettre un terme au ridicule des ONG espagnoles concernant le simulacre référendum et de rester neutre dans l'affaire du Sahara, tout en respectant la solution prônée dans le cadre onusien». En échange, le Maroc, dans une déclaration de bonne foi, pourra s'engager à ne pas destabiliser les possessions espagnoles au Nord du pays à faire privilégier la réflexion collective ». Madrid peut « donner un signal fort en matière de décolonisation des îles marocaines du Nord, presque inhabitées (l'une renferme une caserne, l'autre un cimetière !). « Sauf volonté de colonialisme aveugle pour un quelconque titre d'orgueil !». S'agissant de la prospection pétrolière sur le plateau continental marocain au Sud, auquel «sont rattachées les Iles Canaries, M. Ziane estime que «Madrid doit verser des indemnités au Maroc, qui, à son tour, doit faciliter l'émergence d'un accord d'autorisation de recherche». Sur la question de la pêche, le président du Parti marocain libéral pense que « les deux pays, tout particulièrement le Maroc, doivent faire des efforts pour renouveler l'accord, en tenant compte des exigences rationnelles des uns et des autres ». Car, estime-t-il, « de toute façon, il y a toujours pêche illégale de la part des chalutiers espagnols sur les côtes marocaines ». Le volet de l'immigration clandestine peut aussi trouver une issue. Il suffit que « Madrid prenne conscience de la nécessité de régulariser la situation et de fixer un quota d'immigration et non pas jouer sur l'arrivée des clandestins pour s'approprier une main d'œuvre qui fait défaut. Madrid, avec l'embellie qu'elle connaît en matière de développement, a aussi un devoir de solidarité avec les pays partenaires d'une coopération loyale».