Depuis la non-reconduction de l'accord de pêche avec l'UE, la dégradation des rapports entre Madrid et Rabat est allée crescendo. Les deux pays voisins sont pourtant condamnés à s'entendre et à regarder l'avenir avec plus d'espoir. La rencontre Benaîssa-Palacio, demain à Madrid, aura lieu sous le signe de l'apaisement. Un déblocage de raison, sans trop de passion. La rencontre des deux ministres des Affaires étrangères marocain et espagnol, Mohamed Benaissa et Anna Palacio, ce mercredi, devra marquer une nouvelle étape pour le dégel des relations bilatérales. Une rencontre qui se veut sous le signe de l'apaisement. Les deux parties semblent plus que jamais résolues à régler les différends et les problèmes les opposant de manière sereine, loin des surenchères. C'est ce qui ressort des déclarations de sources diplomatiques espagnoles à Rabat, qui ont mis l'accent sur la nécessaire normalisation des relations bilatérales, conscientes qu'elles sont que rien ne peut se faire sans cette normalisation et que tout projet de développement régional et tout le processus de coopération méditerranéen risquent de payer cher la dégradation des relations maroco-espagnoles. Si pour le Maroc, aucune décision pouvant nuire au bon voisinage et à l'amélioration des contacts bilatéraux n'a été prise, et si la récupération par les militaires marocains de l'îlot Leila, le 11 juillet, a été interprétée du côté marocain comme un retour au droit, la réaction musclée des Espagnols a envenimé les choses. En effet, une armada d'hélicoptères, de sous-marins, de patrouilleurs et tout ce que compte l'armée espagnole comme bâtiments de guerre, a été mobilisée pendant la semaine du 11 au 19 juillet. Dans la nuit du 16 au 17 juillet, l'intervention espagnole a eu lieu. Les Espagnols ont retiré leur contingent dans la soirée du 19 juillet suite à l'accord négocié sous les auspices de Washington. Il prévoyait l'ouverture de discussions sur l'ensemble du contentieux entre les deux pays, dont les relations sont exécrables depuis plusieurs mois. Collin Powel est intervenu pour désamorcer la crise et permettre le retour au statut antérieur de l'îlot. Mais pas au statut antérieur des relations bilatérales. Ce qui s'est passé pendant cette semaine de juillet marque à jamais les esprits. Fin septembre, une rencontre devant réunir les deux chefs de la diplomatie des deux pays n'a finalement pas eu lieu. Le Maroc avait jugé inacceptable la reprise des discussions sous la pression de la flotte espagnole qui violait les eaux territoriales marocaines, le jour même. D'autres tentatives ont échoué par la suite. Des médiations internationales ont été faites. Mais à aucun moment on n'apercevait le déblocage. Dans ce sens, on inscrit la déclaration qui n'est pas passée sans faire de bruit, du président de la communauté autonome d'Andalousie, Manuel Chaves, qui a appelé à la tenue de la réunion entre Benaïssa et Palacio dans les plus brefs délais. "Il y a urgence", affirme le président andalou. Car, "le retour des ambassadeurs respectifs à leurs postes est nécessaire pour la normalisation des relations qui est très importante pour l'Espagne surtout en ce qui concerne des sujets comme l'agriculture, la pêche ou l'immigration". Pour ce qui est du problème suscité autour de l'ordre du jour des négociations, Chaves affirme que ce problème existe, mais qu'il ne devrait pas continuer à l'être. "La solution est très simple : la réunion peut être tenue avec un ordre du jour ouvert", propose-t-il. C'est cet ordre du jour ouvert qui est adopté maintenant. Selon les sources diplomatiques espagnoles à Rabat, l'ordre du jour est ouvert et aucun sujet n'est exclu des débats, mais la priorité est le retour des ambassadeurs… « Il faut établir un calendrier précis au retour des ambassadeurs et pour lancer les débats sur tous les sujets en suspens entre les deux parties…On ne peut aspirer à fructifier les débats, parvenir à des résultats concrets et avancer dans le rapprochement des points de vue en l'absence de canaux diplomatiques normaux », tient-on à souligner… C'est dire que les relations entre Rabat et Madrid sont appelées à être normalisées d'abord et les deux parties doivent rattraper le temps perdu…