Il est 17h30. Vendredi dernier, un grand public, composé majoritairement de jeunes, affluait déjà à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc pour assister à la 4ème Nuit des philosophes organisée par l'institut français du Maroc. Un dispositif de sécurité important est également aperçu sur place et que Jean-Marc Berthon qualifie, lors de la conférence de presse organisée peu avant le lancement de l'événement, de «normal». A propos de cette manifestation, considérée en tant que «fête de la pensée », le directeur général de l'Institut français du Maroc précise qu'elle s'est distinguée par la participation d'un grand nombre de philosophes, écrivains et artistes marocains outre ceux invités d'autres pays. Selon ses dires, la particularité de l'événement résidait également dans «le dialogue entre philosophes et artistes». Cela étant, la 4ème Nuit des philosophes s'est articulée autour de 3 thèmes, à savoir la vérité, le peuple et l'image. Ce choix s'est fait, comme le précise Driss Ksikes, commissaire de l'événement, sur la base de la philosophie tout en tenant du contemporain. A ses yeux, la philosophie n'est pas une affaire de carrière. Elle est plutôt une attitude. «Nous avons tenu à inviter des artistes», poursuit-il. Pour lui, les philosophes sont créateurs tout comme les artistes. Les premiers étant dominés par le concept tandis que les deuxièmes le sont par l'affect. «Il ne faut pas réduire le travail de recherche des artistes. Nous n'avons pas d'institutions qui s'intéressent à leurs recherches», ajoute M. Ksikes, également écrivain et dramaturge. De plus, de jeunes lycéens ont été invités à l'événement. Les établissements concernés à Rabat étant les lycées Princesse Lalla Nouzha et Ryad El Maârifa. «Les jeunes sont à l'affût de philosophie», enchaîne-t-il. Pour sa part, le commissaire Jean-Claude Monod est conscient du caractère ancien des thèmes choisis. Ceux-ci sont, selon ses dires, «relancés dans une actualité récente avec de nouvelles coordonnées». M. Monod, également philosophe, cinéaste et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (France), conduit, dans ce sens, l'exemple des fake news (fausses informations par rapport à l'ère de post-vérité. Il estime, de plus, que c'est le peuple qui doit fonder la politique. Aussi, le pouvoir de tromperie de l'image revient comme il le rappelle. «La philosophie a à se confronter à cette réalité», enchaîne-t-il. Egalement de la partie, Houria Abdelouahed, psychanalyste et auteure, estime à son tour que la question de vérité est importante.