Ankara ne veut pas rater le rendez-vous du sommet européen de Copenhague pour négocier une adhésion que beaucoup d'Européens rejettent. Ankara n'accepte pas les conditions européennes pour l'ouverture de négociations pour son adhésion à l'Union. À moins d'une semaine du sommet de Copenhague, la Turquie réclame avec insistance une date ferme, définitive et rapide pour l'ouverture de pourparlers. Des propositions franco-allemandes ont fixé à 2004 un rendez-vous pour évaluer les progrès turcs en matière de démocratie et d'économie de marché, suivi d'une possible ouverture de négociations six mois plus tard. Cette proposition est catégoriquement rejetée par la Turquie qui l'a qualifiée d'inacceptable. « Nous ne considérons pas ces dates acceptables. Et nous allons informer la présidence en exercice et les Premiers ministres européens que nous ne voyons pas cela comme positif », a déclaré Recep Taëb Erdogan, dirigeant du Parti au pouvoir à Ankara. « Nous allons leur demander que l'U.E. ne fixe pas de date au-delà de 2003. Il s'agit d'un test pour l'Europe. La Turquie ne peut être un faubourg de l'U.E.», a-t-il estimé. Ankara craint que les difficultés auxquelles l'Union européenne sera confrontée pour intégrer les dix prochains membres ne refroidissent considérablement sa volonté de poursuivre plus avant l'élargissement. D'autant pus, qu'en 2005, ce ne seront plus 15 qui décideront, mais 25. En fait, l'approche européenne à l'égard de la Turquie reflète bien de préjugés. À titre d'exemple, chef de file des conservateurs allemands estime que l'adhésion de la Turquie à l'Union sonnerait le glas de l'unification politique de l'Europe parcequ'elle irait au-delà de ses capacités d'intégration. « Admettre la Turquie transformerait l'Union européenne en simple zone de libre-échange », affirme le ministre-président de Bavière. Il va même plus loin en soutenant que «la Turquie ne fait pas partie de la communauté de valeurs de l'Europe. Elle n'a pas participé à la lutte des peuples de l'Europe pour la liberté, l'autodétermination et la solidarité. Elle a un contexte social différent». Le chancelier Gerhard Schröder a affirmé, quant à lui, que l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne l'empêcherait de dériver vers le fondamentalisme et que l'Allemagne y aurait tout intérêt.