« C'est un intégriste chrétien qui pense que l'Union européenne est un club chrétien. Il est l'équivalent des intégristes musulmans », disent des responsables turcs de l'ancien Président français Giscard. La sortie du président de la Convention européenne chargée de préparer une constitution pour l'Europe élargie, Valéry Giscard d'Estaing, concernant l'adhésion de la Turquie continue de provoquer colère à Ankara, embarras généralisé et parfois satisfaction voilée à Bruxelles. VGE a provoqué une onde de choc en soutenant que l'entrée de la Turquie signifierait « la fin » de l'U.E. L'ancien président français a déclaré au quotidien le Monde que « la Turquie est un pays proche de l'Europe, un pays important, qui a une véritable élite mais ce n'est pas un pays européen. Sa capitale n'est pas en Europe, elle a 95 % de sa population hors Europe ». Les réactions à cette prise de position n'ont pas tardé : « Mon Dieu, mais quelle mouche l'a piqué ? C'est le pire moment pour faire cette sortie », a précisé un membre de la convention présidée par VGE. Le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin estime de son côté que « l'Europe jugera sur pièces » le cas de la Turquie. « Il faut aborder ce problème à partir de réalités simples. Le parti AKP, qui vient de triompher aux élections, réaffirme la volonté de la Turquie d'adhérer à l'Union. Il en sera à nouveau débattu le mois prochain au sommet de Copenhague. Un processus est engagé. Il y a des conditions à remplir. L'Europe jugera sur pièces », déclare-t-il dans un journal dominical. Il réagit ainsi aux propos de Giscard. Les Quinze font miroiter à Ankara la fixation d'une date pour l'ouverture des négociations lors du prochain sommet européen. L'objectif premier est d'amener la Turquie à faire pression sur les Chypriotes turcs pour qu'un accord de réunification de l'Ile soit conclu avant son adhésion. Plusieurs députés européens ont estimé que VGE était totalement sorti de son rôle et du mandat que les quinze lui ont confié. « Il devrait démissionner de son poste de Président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, a déclaré le député social-démocrate suédois Jan Andersson. Tout le monde a été pris de court par les propos de l'homme d'Etat français, même si nombre d'Européens pensent comme lui.