L'Irak promet pour ce samedi l'inventaire de son arsenal. L'Europe s'inquiète des risques de déstabilisation de la région. L'inspection d'un palais présidentiel révèle le train de vie grandiose de Saddam Hussein. L'Irak multiplie les initiatives pour montrer sa bonne volonté. Il a ainsi ouvert un palais présidentiel aux inspections de l'ONU et confirmé son intention de fournir dès ce samedi au Conseil de sécurité l'inventaire complet de son arsenal militaire. Le Président George Bush n'a pas moins réaffirmé sa conviction que l'Irak possède des armes de destruction massive et qu'il est tenu de désarmer. Un porte-parole de la Maison-Blanche a indiqué que Washington prendrait le recul de plusieurs jours avant de répondre à la déclaration irakienne. Nombre d'équipements, concernés par les inspections, comme les composantes électroniques, sont à cheval sur les utilisations civiles et militaires. L'inventaire que fournira Baghdad pourrait se situer dans une zone grise. Bien que l'Irak l'ait officiellement démenti, des inspecteurs des Nations unies ont affirmé que Baghdad avait reconnu en privé avoir tenter de se doter de tubes d'aluminium, matériel qui relève de ce même type d'équipements à usage civil et militaire. En fait, des experts onusiens pensent que Baghdad va faire, ce samedi, d'authentiques révélations par le biais de sa liste destinée au Conseil de sécurité afin de montrer sa bonne volonté et la mauvaise foi de Washington et de Londres, dans l'espoir de les isoler au sein de l'ONU. Déjà la Russie, contredisant le scepticisme américain, a relevé les bonnes conditions dans lesquelles travaillent les inspecteurs onusiens en Irak, y voyant l'illustration de la détermination du gouvernement irakien d'honorer tous ses engagements vis-à-vis du Conseil de sécurité. Ce sentiment est partagé par Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies qui a confirmé son intention de rendre publique la déclaration de l'Irak sur son programme d'armements de destruction massive, juste après son analyse par les experts de la Commission de Contrôle, d'Inspection et de Vérification (COCOVINU). En attendant, l'éventualité d'une frappe américaine suscite de nombreuses inquiétudes. La dernière en date a été exprimée par Joschka Fischer, ministre allemand des Affaires étrangères qui confirmé l'opposition de son pays à une action militaire unilatérale des Etats-Unis compte tenu des conséquences qu'aurait un tel conflit pour la sécurité régionale. «Mon inquiétude, c'est que nous faisons désormais face au risque de prendre une décision qui ne soit pas nécessairement dans notre meilleur intérêt», a-t-il déclaré. Il s'est dit satisfait que la résolution 1441 mette l'accent sur le désarmement de l'Irak «et non sur un changement de régime » à Baghdad. «Mais cela reste en arrière-plan», a relevé le chef de la diplomatie allemande. «Les Américains pourraient s'engager seuls dans un conflit avec l'Irak, mais avec quelles conséquences», a poursuivi Fischer. Au plan des préparatifs militaires, le ministre turc des Affaires étrangères a confirmé que son pays serait prêt à ouvrir ses bases aux avions américains en cas de conflit avec l'Irak, tout en précisant qu'Ankara refuserait une offensive terrestre à partir de son territoire. La coopération avec les Etats-Unis, «c'est l'ouverture de l'espace aérien et l'utilisation de bases en Turquie», a dit le ministre qui a rappelé que la résolution 1441 «n'autorise pas le recours automatique à l'usage de la force (…) Si nous parlons d'une large présence de forces américaines en Turquie, nous aurions des difficultés à exprimer cela à l'opinion publique turque. Mais une coopération, oui sûrement », a ajouté le ministre. Sur un autre plan, Baghdad a offert un aperçu du train de vie grandiose que mène Saddam Hussein à travers la vision offerte aux inspecteurs de l'ONU qui ont visité un palais présidentiel.