C'est en ordre dispersé que l'ONU répond à l'offre de Saddam d'un retour inconditionnel des inspecteurs chargés du désarmement. Surprise par le revirement de l'Irak, l'ONU a clairement étalé ses divisions. C'est en ordre dispersé que l'ONU répond à l'offre de Saddam d'un retour inconditionnel des inspecteurs chargés du désarmement. Surprise par le revirement de l'Irak, l'ONU a clairement étalé ses divisions. Si le soulagement du Secrétaire général des Nations Unies est évident, personne au sein du Conseil de Sécurité ne semble, en revanche, d'accord sur la suite à donner à l'ouverture de Bagdad. Washington ne donne pas l'impression d'avoir reculé d'un iota dans sa volonté d'imposer au Conseil de Sécurité le texte d'une résolution qui contiendrait l'option de recourir à la force. Quant à la Russie, à travers une position diamétralement opposée, elle va jusqu'à évoquer une « levée des sanctions» en vigueur contre Bagdad depuis 1990. «Pour être honnête, si Saddam avait voulu semer le désordre à l'ONU, il n'aurait pas pu mieux faire. Depuis une semaine, l'organisation a tenté de s'unir derrière Bush, mais aujourd'hui, nombreux sont ceux qui veulent donner une chance à Bagdad et refusent de jouer la carte de la menace américaine. Au mieux, Saddam Hussein a évité la guerre, au pire, il a gagné du temps», relève un diplomate. La cohésion des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU a donc volé en éclats. Le retour des inspecteurs sans condition en Irak se révèle être un cadeau empoisonné pour le président américain : S'il l'accepte, il faudrait des mois aux Nations Unies pour faire l'inventaire de l'arsenal irakien, ce qui risque de freiner tout élan au Conseil de Sécurité en faveur d'une frappe militaire. Si la proposition irakienne est rejetée au profit de la guerre, Bush devrait reconnaître que son but n'est pas le désarmement de l'Irak, mais la liquidation du régime de Saddam. Au risque de s'isoler complètement de ses alliés. Depuis le début du bras de fer, la formule «sans condition» est différemment interprétée selon que l'on est à Bagdad où à Washington. Le risque est que l'offre irakienne s'enlise dans le même bourbier et les mêmes palabres que toutes les missions onusiennes qui ont précédé sans jamais aboutir. Les inspecteurs de l'ONU seront-ils autorisés à franchir les grilles des palais de Saddam, considérés comme autant d'arsenaux clandestins par les Américains ?