Plusieurs personnalités du monde politique ont réagi après l'annonce mardi soir du retrait de Abderrahmane Youssoufi de la vie politique nationale. C'est triste, Mahjoubi Aherdane C'est son problème. Il arrive un moment où il faut rendre le tablier, c'est ça le cheminement de la vie. Bien entendu, dans ce genre de situation, tout un chacun a ses propres motivations et M. Abderrahmane Youssoufi devrait évidemment avoir des motivations majeures qui l'ont poussé à se retirer de la vie politique et de la direction de son parti. C'est triste, mais je le répète une fois de plus : c'est ça la vie. Je lui souhaite bonne chance et surtout une longue et heureuse vie. Homme de dialogue, Ahmed Benkirane La démission de Abderrahmane Youssoufi est une surprise. Je connais l'homme depuis plus de quarante ans. Je salue le grand patriote et l'un des piliers du Maroc démocratique. Lors des différents dialogues menés au nom de la CGEM, j'en garde un très bon souvenir. Il est l'homme du dialogue et du consensus introuvable parfois. Son gouvernement a permis au Maroc de passer un cap stratégique. L'alternance fut un passage obligé pour le pays. Toutefois, le retrait de la vie politique active est un acte personnel qu'il convient de respecter. Par contre, je formule le vœu que le pays ne soit pas privé de sa grande expérience et de sa large ouverture sur le monde, notamment sur le monde socialiste. Une grande perte, Latifa Jbabdi La démission de Si Abderrahmane Youssoufi est une grande perte pour l'USFP, pour le champ politique national, et surtout pour le mouvement progressiste marocain. Cet homme a marqué l'une des phases critiques de notre histoire, celle de la transition démocratique. Le fait qu'il ait choisi de se retirer de la vie politique est vraiment dommage parce qu'il a toujours un grand rôle à jouer. Actuellement, l'élite marocaine traverse une grave crise. Elle est en train de perdre de plus en plus d'hommes et de femmes. Quand j'ai appris la nouvelle de sa démission, j'ai automatiquement pensé à son départ pour Cannes il y a de cela plusieurs années. A l'époque, sa décision a été respectée par tout le monde, même si son avis n'était pas partagé par tous. Mais autrefois, comme maintenant, maître Youssoufi n'aurait pas dû quitter le bateau dans un moment aussi critique. » Décision regrettable, Dr Abdelkrim El Khatib Je pense que la démission de Abderrahmane Youssoufi de son poste de premier Secrétaire général de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et l'annonce de son retrait de la vie politique sont une décision déplorable, car Me Youssoufi est un homme politique intègre et son départ est une perte pour le pays. Certes, nos tendances idéologiques ont toujours été différentes, voire opposées, mais j'ai une grande estime pour lui et je pense que, durant tout son parcours politique, il a fait preuve d'honnêteté et de patriotisme. Sachant que, malheureusement, il est impossible de le faire revenir sur sa décision, je lui souhaite donc une retraite heureuse et tranquille. Toutefois, j'estime qu'il est regrettable de le voir partir à un moment aussi crucial de la vie politique nationale. Car, son départ laissera certainement un grand vide qu'il sera très difficile de remplir. Un homme d'un si grand poids politique et d'une si riche expérience ne peut être remplacé aussi facilement. D'ailleurs, même si la relève au sein de l'USFP est assurée, il faut savoir que le vide qu'il laissera concerne le champ politique national. Une affaire interne, Mohamed Abied La démission d'Abderrahmane Youssoufi est une affaire interne. Même si nous ne connaissons pas les raisons officielles de cette démission, il est pratiquement sûr que ce sont des conflits internes à l'USFP qui ont poussé Youssoufi au départ. On parle depuis plusieurs mois de divisions au sein de l'USFP. Probablement, le Premier secrétaire de l'USFP a préféré quitter son parti à cause de ces luttes intestines. Youssoufi était, certes, un adversaire politique pour notre parti, mais à l'Union Constitutionnelle on ne se réjouit pas de sa démission. Bien au contraire. Nous avons toujours été contre les divisions des formations et la balkanisation du champ politique. L'UC a d'ailleurs milité pour la préservation de partis forts et même de pôles solides rassemblant plusieurs partis politiques. Extrêmement surpris, Ismaïl Alaoui J'ai été extrêmement touché par la décision de Abderrahmane Youssoufi de quitter la scène politique. C'est un grand homme. J'ai eu l'occasion de l'approcher dans le cadre de la Koutla démocratique et du gouvernement. Il se distingue par sa grande rigueur morale, ses positions de principe et sa grande intelligence politique. Son absence se fera, sans doute, sentir au niveau du microcosme politique et de tout le pays. Il est l'une des personnes qui ont joué un rôle fondamental dans la concrétisation du compromis historique et l'histoire gardera de lui l'image d'un Premier ministre qui a énormément servi son pays. Un coup de tête ?, M'hamed Boucetta Il est tout à fait naturel pour un homme comme Abderrahmane Youssoufi de vouloir quitter la scène politique. D'ailleurs, il avait exprimé cette volonté depuis quelques mois déjà. Toutefois, la façon avec laquelle Youssoufi est parti ne me plait pas. Il aurait pu attendre la fin de son mandat ou l'organisation d'un congrès du parti pour annoncer sa démission. Je tiens à préciser que j'ai beaucoup d'estime pour Abderrahmane Youssoufi. Il a fait énormément pour son pays notamment lors des dix dernières années. Mais encore une fois je me demande si cette démission ne serait, en fait, qu'un coup de tête semblable à celui de Cannes où Youssoufi s'était auto-exilé. Je me demande également si cette démission ne reflète pas des difficultés au sein de l'USFP. Certes, je ne connais pas les problèmes internes de l'USFP, mais vraisemblablement le Premier secrétaire en était l'un des principaux protagonistes. Quelles que soient les raisons de la démission, à la place de Youssoufi, j'aurais attendu la fin de mon mandat.