Pour trouver de l'argent, Mariam, quarante ans, divorcée et mère d'une fille, a choisi l'escroquerie. Elle purge actuellement une peine de trois ans de prison ferme. Mariam, quarante ans, vient d'être répudiée. Elle a été livrée à son propre sort avec sa petite mignonne. «Tu ne resteras pas dans ce foyer une seconde de plus…Tu ramasses tes bagages tu prends ta fille et tu sors...», lui a ordonné son mari sur un ton sévère. Mariam a beaucoup pleuré elle lance un dernier regard sur les coins du foyer conjugal avant de sortir. Son mari, qui est devenu en quelques secondes son ex-mari, ne manifesté pas la moindre clémence envers sa petite fille de trois ans. Mariam ne savait pas où aller avec sa fillette. Seulement une de ses voisines l'a accueillie pour une première nuit. Et la deuxième et la troisième ? Elle devait se débrouiller, chercher où aller. Et sa famille ? Personne ne voulait l'aider ni la soutenir, au moins avant d'avoir un abri pour elle et sa petite fille. Certes, elle avait une petite somme d'argent. Elle l'avait économisée durant ses quatre années de mariage bien qu'elle fût femme au foyer. Cette somme dérisoire lui a permis la location d'une pièce au quartier Al Jaouhara, à Fès. Au fil des jours, il ne lui reste que quelques sous qui ne peuvent plus couvrir les dépenses des jours qui viennent. «Que dois-je faire donc pour avoir de l'argent? travailler ? Où ?», s'interroge-t-elle. Et comme si Satan lui avait suggéré la réponse. Une idée satanique lui est passée par la tête et elle a décidé de l'appliquer. Comment ? Mariam est devenuee l'amie intime de l'une de ses voisines au point qu'elle n'a pas hésité à lui confier : «Je suis une F'kéra, je guéris les patients et j'exorcise les possédés…». Sa voisine l'a crue et elle n'a pas retenu sa langue. Elle a confié cela à une autre au point que l'information s'est répandue entre les femmes du quartier comme une traînée de poudre. Elles ont commencé à la fréquenter, à lui demander de les aider, à les exorciser, de les guérir des sorcelleries. Mariam n'hésitait pas à leur confectionner des talismans et des amulettes. Ses poches deviennent garnies d'argent. Sa cupidité est devenue sans limites. «Pourquoi ne pas profiter du chômage de leurs maris et leurs enfants?» Elle n'a pas hésité encore une fois d'incarner son idée sur le terrain. «J'ai des relations avec de hauts responsables qui demandent mon aide et ils m'envoient de temps en temps des contrats de travail en Europe et aux Etats-Unis…», confie-t-elle à l'une de ses clientes qui lui a parlé de son mari en chômage. La cliente était prête à verser n'importe quelle somme contre un job au-delà de la Méditerranée pour son mari. Mariam lui a demandé trente mille dirhams. La cliente lui a proposé seulement vingt mille dirhams. Mariam a accepté et la cliente lui a versé la somme. D'un jour à l'autre, les rêveurs de l'Eldorado commencent à défiler chez Mariam qui leur promet monts et merveilles. Ils n'hésitent pas à lui verser les dix mille dirhams. Seulement, les trois premies mois sont passés et personne des candidats à l'émigration n'a dépassé le seuil de son quartier. Lorsqu'ils se rendaient chez elle pour lui demander des explications, elle trouvait un prétexte ; «Le haut responsable est en mission à l'étranger; il est; à Rabat, il vient de me dire qu'il s'entretient avec les sociétés qui vont lui livrer les contrats etc». Pour finir son histoire avec ce quartier, elle a déménagé vers le quartier An-nachef. Là, elle a commencé à chercher d'autres victimes. Seulement l'une d'elles n'a pu avaler la couleuvre et elle s'est adressée à la police. Mariam a été arrêtée et mise entre les mains de la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Fès et poursuivie pour escroquerie. Elle a tenté de nier les charges retenues contre elle. Mais ses dix-sept victimes ont convaincu le tribunal, qui l'a jugée coupable et l'a condamnée à trois ans de prison ferme.