Victime collatérale du bras de fer entre Uber et les taxis casablancais, le citoyen exprime son ras-le-bol. En effet, une pétition citoyenne adressée récemment à Abdelkader Amara, ministre de l'équipement et du transport de la logistique et de l'eau, et la wilaya de Casablanca sur le site Avaaz, fait grand bruit. Intitulée «Stop à l'anarchie à Casablanca», cette pétition appelle à l'arrêt du conflit entre les taxis et Uber. La pétition signée par 1.345 personnes explique que les Casablancais sont dépossédés de leur droit de circuler et d'être transportés librement et en toute sécurité dans le pays. Elle reproche au ministère de tutelle son mutisme et demande au ministre et à la wilaya de Casablanca d'agir face à la situation d'anarchie des transports dans la ville. En rappelant le rôle du ministère à réglementer le métier des chauffeurs de taxis au Maroc, l'auteur de la pétition s'insurge contre les agissements de certains taxis qui imposent aux clients les points de destination. Or, le taxi est supposé transporter le client jusqu'à la destination finale, et de déclencher le compteur pour donner au client le tarif exact de sa course. De surcroît le véhicule doit répondre aux normes de sécurité adéquates et faire preuve d'une conduite irréprochable, réclame la pétition. Aussi bien dans les gares que dans les aéroports, les taxis se ruent vers les clients tout en criant leur destination en toute anarchie. Un constat qui appelle à mettre en place une politique d'encadrement quant à la prise en charge des usagers des transports dans la mesure où c'est le client qui doit déterminer sa destination à l'instar des pays développés, s'insurge la pétition. «C'est aux taxis de faire la queue et de prendre en charge au fur et à mesure chacun des clients selon leur ordre d'arrivée. Et c'est aux usagers de décider de leur destination, non aux taxis !», indique la pétition. Cette initiative qui compte mobiliser plus de 2.000 signatures urge les autorités de remplir le vide juridique qui existe avec l'arrivée d'Uber au Maroc. Pris pour cible par les taxis dans les rues de Casablanca, les taxis Uber sont agressés physiquement et dépossédés de leur véhicule. La requête appelle donc le ministère et les autorités de la ville à assurer le bon déploiement d'Uber sur le territoire de la ville, et de garantir la sécurité de ses propres chauffeurs et de ses usagers. Pas de répit ! Aux dires du syndicat des taxis de Casablanca, Uber restera toujours une société fantôme qui n'a aucun droit d'exercer au même titre que le taxi rouge. Le syndicat explique que l'activité de la société est illégale, preuve en est lorsque les taxis interceptent un taxi Uber, la police intervient pour établir un PV, saisir le véhicule et le transporter à la fourrière, souligne un membre actif de l'organisme. Selon le Syndicat des taxis de Casablanca, l'activité illégale d'Uber menace leur gagne-pain. Il est normal que les chauffeurs de taxis défendent leur profession et leur source de revenu. Le convoyage payant est interdit dans la loi marocaine, c'est ce qu'on appelle «lkhettafa». Un avis que certains chauffeurs de taxis ne semblent pas partager. En effet, certaines voix expriment leur désarroi quant à l'agressivité de certains chauffeurs de taxis à l'égard des chauffeurs d'Uber. …./…. …./….«Au lieu de faire des courses-poursuites avec les taxis Uber, il vaut mieux être à l'écoute du client et à son service, c'est une perte de temps», souligne Said, chauffeur de taxi depuis plus de dix ans dans la ville de Casablanca. Face à la multiplication des violences contre ses chauffeurs, la réponse d'Uber ne s'est pas fait attendre. Meryem Belkziz, directrice générale d'Uber Maroc, affirme qu'il y a beaucoup de citoyens qui réagissent et soutiennent la démarche de la société. Selon elle, les violences exercées par les taxis sur les chauffeurs d'Uber restent une action illégale. D'ailleurs, le chauffeur pris à partie portera plainte devant la justice. Selon la DG, Uber est ouvert au dialogue et continuera à servir ses clients et leur assurer un maximum de sécurité. Elle précise que des équipes sont mobilisées 24h/24 à l'écoute des clients. «La sécurité pour nous est une priorité. De même la société a vocation à élargir son champ de travail en collaborant avec les taxis», indique-t-elle. Leila Ouchagour Journaliste stagiaire