Après les interventions des huit groupes parlementaires - et de partis politiques ne disposant pas de groupe - sur la déclaration du gouvernement Jettou, le Parlement est appelé ce jeudi à voter le texte, après les répliques du Premier ministre aux remarques et critiques formulées par les uns et les autres. Lecture dans les diverses positions. A la lumière des interventions, tant des partis au gouvernement, que ceux n'y figurant pas, les dés semblent jetés pour la majorité parlementaire. Outre les cinq formations du gouvernement Jettou, d'autres formations semblent soutenir le programme gouvernemental. C'est le cas de l'Union démocratique de Bouazza Ikken et le Front des forces démocratiques de Thami El Khyari. Pour le FFD, qui réserve un soutien-critique» au gouvernement Jettou, «la déclaration gouvernementale a réussi à déterminer les priorités et à consacrer les constantes, mais n'a pas fixé les moyens de financement pour la réalisation du programme gouvernemental» et les mesures préconisées en matière d'emploi «ne sortent pas de l'ordinaire». Hormis le Parti de la justice et du développement et le groupe constitutionnel démocrate (UC-PND), auxquels quelques députés n'ayant pu former un groupe parlementaire pourraient se joindre, le gros du bataillon votera la déclaration gouvernementale. Cela dit, même au sein de la majorité gouvernementale, des sons de cloches, complémentaires et parfois divergents, se sont faits entendre. On a surtout reproché au programme Jettou le manque d'explicitation de certaines actions projetées. Cela va du PIB au taux de croissance, du chômage à la formation professionnelle, de la révision du système fiscal à la gestion des ressources financières. Cela est particulièrement perceptible au niveau du discours du Parti de l'Istiqlal et de l'Alliance socialiste. Le RNI, l'USFP et la mouvance populaire se sont presque confondus dans le programme de gouvernement. Mais, sur le fond, tous les partis alliés au sein du gouvernement se sont clairement inscrits dans la nouvelle «mouvance» du Premier ministre. Côté opposition, la palme des désaccords avec la vision Jettou revient incontestablement aux islamistes du PJD. Mais il s'agit, sur le fond, plus de reproches d'omission, de «négligence». Car la plupart des remarques formulées par le PJD sont liées à la vocation religieuse de ce parti. Il reproche à l'équipe de l'Exécutif de ne pas avoir «clarifié avec suffisamment de force les mesures qu'elle comporte bien qu'elle mentionne l'attachement à l'authenticité et au patrimoine marocains, l'ouverture sur la science, et la fidélité aux référentiels, aux principes, options et constantes, en premier lieu l'Islam, la monarchie constitutionnelle et l'unité territoriale». Dans la même lancée, la formation du Dr Kattib critique le gouvernement pour « avoir négligé dans son programme le secteur des Habous et affaires islamiques et les mesures souhaitées dans le domaine spirituel pour conforter la culture religieuse des Marocains». Ensuite le PJD attend de M. Jettou des «mesures concrètes» concernant la collecte de la Zakat et son utilisation. La vision islamiste s'étend aussi au plan financier. Le même parti déplore que la déclaration gouvernementale manque «d'ouverture sur des formules financières non-usurières et sur les investissements mixtes avec des pays islamiques, avec la mise à contribution des capacités financières des institutions bancaires islamiques ». Mais la principale « lacune », selon M. Ramid, serait «l'absence d'indicateurs à l'aune desquels l'on puisse mesurer l'efficience de l'action du gouvernement et juger de ses résultats tels que le taux de croissance escompté, le taux de réduction du chômage, le taux d'investissement et le taux d'épargne nationale». Quant au groupe constitutionnel démocrate, il a, comme le PJD, annoncé son intention de voter contre le programme du gouvernement. Une flambée de critiques de la démarche gouvernementale est formulée. La déclaration a, selon ce groupe, «occulté» les chiffres (PNB, taux de croissance, revenu par habitant, etc. Elle n'aurait pas «apporté «de solution nouvelle et pratique à certains problèmes tels que le chômage et la mise à niveau de l'économie nationale». Cependant le groupe parlementaire reconnaît que « la politique de proximité adoptée dans le projet du programme du gouvernement constitue "un pas vers une approche et un traitement appropriés des déséquilibrés sociaux ». Il a aussi, contrairement à son cohabitant de l'opposition, salué «les références, les principes et les options contenus dans la déclaration».: M. Driss Jettou aura tout le loisir d'examiner à la loupe les critiques des uns et des autres. Fort de l'appui de l'écrasante majorité du Parlement, il n'y aurait plus d'enjeu. Les jeux sont faits. Il pourra aussi ratisser plus large encore, dans un souci de rassembler une majorité encore plus confortable, accepter les quelques «amendements» à son texte. Comme il pourra tout simplement se contenter de donner des réponses aux questions et critiques formulées.