L'arrivé des islamistes de l'AKP au pouvoir suscite un grand débat en Europe. Lecture. Avec l'arrivée des islamistes modérés de AKP au pouvoir à Ankara, la donne politique en Turquie change. Ses rapports avec l'Europe aussi. Au moment où les dix bon élèves de l'ancienne école communiste de l'Est s'apprêtent à rejoindre le club des 15, l'adhésion « problématique» de la Turquie à l'UE refait surface. Et en force. Les récentes déclarations du président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing suscite les passions, et ouvre un débat que de nombreux politiciens ont toujours cherché à éviter. VGD avait déclaré dans le journal Le Monde que l'adhésion de la Turquie signifierait « la fin de l'Union européenne ». Son raisonnement s'articule autour du fait que la plus grande partie de la Turquie se trouve géographiquement en Asie. Soit. Rappelons que la géographie n'a pas empêché la Turquie de faire partie de nombreuses organisations européennes et occidentales, notamment le Conseil de l'Europe et l'OTAN. Il est vrai aussi que pour beaucoup d'Européens, il est difficile d'imaginer une frontière de l'Europe avec des pays comme l'Irak ou encore l'Iran… Reste que cette prise de position a le mérite d'ouvrir le débat sur l'identité future de l'UE. Mais aussi, elle renvoie aux rapports du vieux continent avec la religion. Plus spécialement avec l'Islam. Et le cas turc pose problème. Une question dérange aujourd'hui : que se passera-il, demain, si la Turquie, en vertu des règles démocratiques qui régissent l'Europe, envoyait massivement au parlement de Strasbourg une dizaine de députés « islamistes » qui ne soient pas forcement modérés, conciliants avec les principes de laïcité et de modernité ? Soutenue par les Etats-unis, la Turquie est candidate à l'adhésion à l'UE depuis plusieurs années. Paradoxalement, ce pays reste une semi-démocratie sous contrôle militaire. Au-delà du spectre de l'islamisme politique, il y a encore de sérieuses inquiétudes concernant la torture, les minorités religieuses, l'enseignement dans la langue maternelle et la liberté d'expression.