«Je suis en train de discuter avec des écrivains et éditeurs marocains pour venir au Cameroun afin de les faire connaître à notre public. Si l'on fait des échanges du genre, cela peut nous aider à aller de l'avant», a déclaré le directeur d'AfricAvenir. Le Maroc entretient des rapports très étroits avec plusieurs pays africains et ce dans tous les domaines. Cependant, fait peut-être surprenant, il semblerait que les Marocains n'aient presque pas d'idée précise en ce qui concerne la littérature de ces pays frères. Le 23ème SIEL serait l'occasion idoine pour faire découvrir aux Marocains ces belles-lettres. Encore faut-il savoir attirer l'attention de nos compatriotes sur cette littérature qui serait, aux yeux d'auteurs et éditeurs africains rencontrés lors du salon, insuffisante pour entreprendre cette découverte. Un programme d'enseignement de la littérature africaine «Ce que nous pouvons demander au Maroc aujourd'hui c'est d'avoir une ouverture pour nos écrivains de rencontrer des élèves, des étudiants et de présenter une certaine littérature africaine en prévoyant celle-ci dans le programme d'enseignement dans les lycées, universités et écoles professionnelles et de formation des enseignants. Cela va permettre d'avoir une idée générale de l'Afrique, notre continent», indique le poète centrafricain, Benjamin Rendekouzou, qui présente son nouveau recueil intitulé «Retour sérieux» dans le SIEL. Si cet auteur estime que la découverte de la littérature africaine passe par l'enseignement, d'autres parlent d'un autre concept. S'approprier la littérature africaine Pour le directeur de la maison d'édition camerounaise AfricAvenir, «il ne s'agit pas seulement de découvrir mais de s'approprier cette littérature». Il est, de surcroît, question, selon Kum'a Ndumbe III, également universitaire, écrivain et héritier légitime du trône de Lock Priso (Kum'a Mbape), de «se découvrir mutuellement». «L'Afrique doit marcher avec tous les génies dont elle dispose», enchaîne le directeur d'AfricAvenir, qui édite et écrit en différentes langues dont le douala, le français, l'allemand et l'anglais. Pour marquer sa présence au SIEL, M. Ndumbe a publié un ouvrage collectif intitulé «Le trésor des manuscrits de Timbuktu» qu'il a dirigé. «C'est un livre qui raconte comment l'ancien roi marocain Ahmed El Mansour a envoyé ses troupes à Timbuktu au Mali où il y a avait du sel et de l'or. L'un des prisonniers à Timbuktu, Ahmed Baba Soudani et professeur de l'université de Timbuktu au Mali, a été amené à Marrakech où il a enseigné pendant 14 ans avant de rentrer au Mali. C'est un peu d'histoire entre l'Afrique au sud du Sahara et le Maroc que nous avons voulu publier à l'occasion de ce salon», détaille le directeur de la maison d'édition camerounaise qui se rend pour la première fois au Maroc et saisit des opportunités au SIEL. «Je suis en train de discuter avec des écrivains et éditeurs marocains pour venir au Cameroun afin de les faire connaître à notre public. Si l'on fait des échanges du genre, cela peut nous aider à aller de l'avant», poursuit-il. Ceci étant, d'autres éditeurs trouvent que seuls les livres permettent de découvrir la littérature africaine. De la littérature, rien que de la littérature... «C'est par l'intermédiaire du salon que les Marocains peuvent découvrir la littérature africaine», estime Solange Bongo, directrice des éditions Amaya au Gabon qui publie de la littérature générale, jeunesse et des ouvrages universitaires et scolaires. «Beaucoup d'enfants s'intéressent à ce que nous faisons dans la littérature jeunesse», indique-t-elle, faisant allusion même aux enfants qui fréquentent le salon tout en rappelant que sa maison d'édition a également créé une collection de santé destinée à l'éducation sanitaire à propos de la prévention de maladies infantiles. «J'ai remarqué que les mamans consultent pour avoir des conseils. Par ces livres, elles peuvent reconnaître les signes de la maladie à la maison», indique Mme Bongo, également pédiatre et écrivaine en s'exprimant sur sa passion pour l'édition. «Cela me permet de mettre la médecine au service de la littérature ayant pour objectif de rapprocher le public de son environnement», conclut-elle.